Portrait : Portrait : Wang Qishan, souriant « pompier » de l’économie

Dans chaque numéro jusqu’au XVIII. Congrès, nous vous offrons le portrait d’un des 7 futurs membres du Comité Permanent : noyau d’une Etude sur le pouvoir de la Chine de demain, à paraître à l’issue du Congrès. Nous commençons ici par Wang Qishan, le « pompier » de l’économie chinoise.

A 64 ans au faîte de sa carrière, Wang Qishan est un apparatchik du sérail (Petit prince), et un économiste au talent rare, reconnu à l’intérieur du pays comme dans le monde.

Né en 1948 à Qingdao de parents intellectuels, Qishan fut envoyé à 21 ans, comme toute sa génération lors de la Révolution Culturelle, en commune rurale au Shaanxi. Ce qui aurait pu être son malheur fut sa chance, car il y rencontra, puis épousa la fille du leader Yao Yilin. Il put reprendre des études (d’histoire, à Xi’an), et travailler dans les musées. Sous l’aile du beau-père, il remonte à Pékin. Jeune loup, après 4 ans à la CASS (Académie des Sciences sociales), il dirige un institut, puis à 34 ans, il intègre le bureau de recherche rurale du Comité Central. Il sera admis au Parti un an après.

À 40 ans, il fait ses armes dans la banque. Il s’y fait vite remarquer par Zhu Rongji, gouverneur de la Banque centrale, qui en fait son n°2 (1993-94). Durant son mandat de vice-1er min. (1991-98), Zhu le met à la tête de la China Construction Bank (1994-1997), puis l’envoie à Canton assainir la bulle financière de la GITIC (7MM$ de dettes). Wang règle l’affaire avec brio, signant la 1ère faillite d’une banque provinciale en Chine, à la satisfaction générale, Pékin et créanciers étrangers. En même temps, il se fait bien voir de Jiang Zemin, proche de son fils, Jiang Mianheng.

En 2002 à 54 ans, il est secrétaire du Parti dans l’île de Hainan. Puis on lui confie un autre « feu à éteindre » : en 2003, en pleine épidémie du SRAS, il dirige la capitale, remplaçant un maire ayant trop démenti et trop peu agi. Travaillant main dans la main avec l’OMS (Org mondiale de la Santé), Wang Qishan enraye la crise, restaure l’image du Parti : il y gagne son image d’homme de crise, capable de faire face, décider vite, avec le bon instinct.

Au sein du futur Comité Permanent, c’est naturellement qu’il trouve sa place, un des rares réformistes du club de Shanghai (proches de Zhu et de Jiang), capables de conduire les réformes indispensables, du crédit et de la fiscalité notamment. Quoique lui-même grand banquier, il milite pour la fin du monopole des banques d’Etat, et pour plus d’accès aux services pour l’étranger. Dans un discours récent sur la stratégie de sortie de crise, Wang manifeste une sensibilité neuve au PCC, après 20 ans de foi aveugle dans le libéralisme : il croit au besoin de « deux main s», celle invisible du marché d’ Adam Smith et celle du gouvernement pour rectifier les excès.

Quelle place pour Wang au Comité Permanent ? Il serait au moins vice 1er. Début 2012, on parlait pour lui du poste de 1er ministre, et la rumeur circule toujours. Si Li Keqiang, 1er ministre pressenti se retrouvait patron du Parlement (uniquement en cas de baisse dramatique de pouvoir chez Hu Jintao), Wang aurait, dans cette perspective, un atout secret : le fait d’avoir su se tenir à l’écart de la houle provoquée par le scandale Bo Xilai.

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