Economie : Économie : le Phoenix doit d’abord brûler, pour mieux renaître

Dans la masse des nouvelles médiocres qui teintent de grisaille l’économie, une touche rose se détache : en août, les banques ont prêté 704 milliards de ¥ (111 milliards de $), bien plus que les 600milliards de ¥ attendus. Ces prêts s’ajoutent, comme crédit sur le marché, aux 1000MM¥ de chantiers d’équipements annoncés (cf VdlC n°28), et aux 14 milliards de ¥ de primes-subventions aux ventes d’électroménager, moins énergivore. Les provinces aussi s’apprêtent à relancer, telle Chongqing (1500 milliards de ¥ dans sept secteurs), ou le Guizhou (3000 milliards de ¥ ) dans le tourisme.
Le Conseil d’Etat finalise (12/09) son train d’aides à l’export (cf n° 28), et s’apprête à imposer en décembre à State Grid et Southern Grid (monopoles du réseau électrique) l’obligation de fournir jusqu’à 15% de courant d’origine « renouvelable ». Tout cela pour désengorger un parc éolien chinois, 1er au monde (62 GW), mais au tiers inactif, faute de clients. Mais, selon les experts, l’exécution prendra des années – les distributeurs préférant l’électricité-vapeur, moitié moins chère. 

Inexorablement, l’économie semble grincer, ralentir, suivant l’immobilier gelé depuis 2011. 
Entrepôts pleins et carnets de commandes vides, les usines ont connu en août une croissance de 8,9%, la plus basse en 39 mois, et l’inflation redémarra à 2%. En effet, les difficultés climatiques et cycliques de l’agriculture, renchérirent le panier de la ménagère à +5,9%, loin des +4% visés par l’Etat. Autres coupables, la hausse de l’électricité, et celle des salaires, augmentés l’un et l’autre de 15% depuis 2010. Surtout, la demande s’épuise à l’export et sur le marché local.
Les trafics de réexportation viennent de baisser de 1,5%, traduisant la faible confiance des exportateurs, qui portent l’échéance des paiements de 60 à 90 jours. 

L’importation destinée à la consommation intérieure a même plongé de 7,5%. L’Etat a vu en août ses recettes de taxation baisser de 6,7%, à 376,5 milliards de ¥. Les provinces, de plus en plus, compensent en augmentant les taxes (+30%), avec pour effet d’épuiser les liquidités des industriels. 
Les acteurs économiques n’hésitent plus à exprimer leur crainte d’un « atterrissage dur », et à accuser la capitale d’avoir tardé à lancer un plan anti-dépression, laissant le système gripper jusqu’à un point irrattrapable. Une variante de ce dialogue critique, concerne le niveau futur de la croissance : 30 ans de croissance à 10% par an s’achèvent, et ne reviendront plus – mais quel sera le prochain rythme normal ? 9,5% ou 7% ?
De la réponse, entre ces taux, dépendent 3000 milliards de $ de hausse de PIB d’ici 2022. 

Enfin, on constate donc l’imminence d’un nouveau cycle d’investissements provinciaux, suivant l’arrivée du nouveau pouvoir. Mais, interroge l’expert Arthur Kroeber, quel sera l’impact de cet influx sur une croissance qui dépend déjà à 50% des chèques de l’Etat ? « La motivation existe toujours, dit-il, pour les provinces » (de tenter de relancer les affaires par des grands chantiers et des financements massifs), « mais l’Etat a désormais de très fortes raisons de s’opposer à la démarche, et la Chine arrive au bout de ce cycle de croissance par l’infrastructure et l’investissement intensif » !

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