En sept jours, quatre incidents ont affecté autant de vols en Chine ou vers la Chine, causant l’interruption de trois d’entre eux.
Le 29/08 à Hefei (Anhui), Fang Daguo, militaire et cadre du Parti, monte éméché à bord du vol China Southern pour Canton, avec son épouse. Arrivant au dernier moment, le compartiment à bagages est plein, et l’hôtesse n’arrive pas à placer leurs sacs. L’épouse du cadre agresse alors la demoiselle, déchire son uniforme. Lui-même, saisissant son portable, prétend appeler une jeep kaki au pied de l’appareil.
L’avion décolle enfin, mais la polémique aussi. A Yuexiu (sa base militaire), le bureau du PCC prétend minimiser l’affaire, l’officier « s’étant excusé» et n’ayant « rien fait » : c’est sa femme qui a « secoué » l’hôtesse. Cette dernière, sur son blog, affiche ses bleus et son uniforme déchiré, et suscite des montagnes de critiques contre Fang – et tous les apparatchiks tout-puissants.
Finalement, l’officier sera suspendu. De l’avis de la presse, ce que l’incident révèle, est la multiplication actuelle des conflits entre citoyens et cadres, dus à la « baisse du niveau de conduite » de ces derniers.
Le 02/09 à l’Est de Moscou, à bord du vol Swiss Zurich -Pékin, un passager chinois de 57 ans, ivre, exige que l’homme devant lui (compatriote de 29 ans) relève son siège. Faute d’obtempérer, il le frappe. D’où rixe. L’agresseur est maîtrisé, menotté, mais craignant pour la sécurité à bord, le commandant décide d’avorter le vol : retour à Zurich 7 heures plus tard où les deux hommes sont arrêtés. Ils sont libérés deux jours après, l’agresseur frappé d’une amende de « 90 jours Schengen » (à 650Fr suisses par jour), sans mesure avec les coûts occasionnés.
Le 30/08, le vol CA981 destination New York, est forcé au demi-tour, au-dessus du Pacifique, suite à une alerte à la bombe. La fouille de l’appareil et des bagages ne donnera rien. L’auteur de l’appel n’est pas retrouvé.
Le 01/09, le vol ZH9706 Xiangyang (Hubei)-Shenzhen, est contraint à atterrir à Wuhan après une fausse alerte à la bombe. Le lendemain, le mauvais plaisant est arrêté : Xiong Yi, 29 ans, de Shiyan (Hubei), a lancé l’appel depuis son portable. La plaisanterie coûtera cher, ayant immobilisé 30 véhicules et 200 professionnels (police, pompiers, ambulance)…
Cette série noire suscite un débat: « il faut s’attendre à voir se multiplier ce type d’incidents, dit ce bloggeur, beaucoup de mécontents ressentent le besoin d’exprimer leur colère ». Or, l’aviation est un maillon faible, où l’Etat a moins de moyens de réaction, tant que les vies des passagers sont en jeu.
Chef de la sécurité des aéroports du Hubei, Huang Wenbao renchérit : « si des douzaines d’alertes à la bombe étaient émises en même temps, notre réseau sécuritaire pourrait s’effondrer. Il nous faut améliorer notre capacité d’analyse, pour en tirer des stratégies plus efficaces. Il nous faut aussi des réponses mieux coordonnées ».
Selon Airbus, l’aviation civile est supposée, croitre de 53% d’ici 2032. Mais pour y parvenir, il faudra d’abord régler ces dérapages, eux aussi en pleine expansion – et pas seulement en Chine. Une cause universelle pouvant être, en l’occurrence… la peur de l’homme, une fois en l’air, détaché du plancher aux vaches !
Sommaire N° 28