A quelques semaines du XVIII. Congrès qui doit introniser le prochain gouvernement de 6eme génération sous Xi Jinping (Président-1er Secrétaire) et Li Keqiang (1er Ministre), Pékin se serait bien passé des trois drames routiers qui viennent d’endeuiller le pays.
Au Shaanxi et au Sichuan (24/08), 2 collisions entre bus et camions firent 47 morts. À Harbin, la chute de 100m de rampe d’un pont autoroutier sur la rivière Songhua (26/08) a sévèrement choqué l’opinion et le pouvoir.
C’était l’un des plus longs du pays (15km), des plus chers (300 millions de $), et plus récents (9 mois). Harbin fut prompt à innocenter les architectes, préférant accuser quatre camions en surcharge. Mais des experts, tel Chen Zhaoyuan de Tsinghua (Pékin), dénoncent une dérive récente, mêlant carriérisme et corruption.
Au cours des 10 dernières années, 200.000 ponts se sont construits, à rythme vertigineux. À présent, tout « politique » qui commande un pont, exige l’inauguration durant son mandat, et donc la tenue simultanée des études, du design et de la construction – une hérésie, pour les professionnels. Pour faire plus vite, on rogne sur la sécurité. Et pour payer les dessous de table, on recourt à des fournitures en dessous des normes du contrat.
L’impact de la critique est lourd : car les pratiques pour les ponts sont aussi celles des écoles et des usines. Sa capacité à tout faire, plus vite et moins cher qu’ ailleurs, le « miracle chinois », se fissure !
La Chine se trouve entraînée dans un maëlstrom de conflits maritimes pour le partage d’archipels, avec pas moins de 3 voisins (Vietnam & Philippines pour les Spratley, Japon pour les Senkaku-Diaoyu). Le cas des Diaoyu-Senkaku est le plus brûlant.
Ces derniers mois, dans cette guérilla, force est de reconnaître que c’est Tokyo qui bouge, fort du soutien américain. En juin-juillet, les deux marines tenaient des exercices conjoints aux thèmes très suggestifs comme « la reprise d’une île ». En plusieurs déclarations, la Diète nippone et 1er ministre Noda dissipaient tout doute sur leur détermination à défendre l’archipel. Le Pentagone confirmait ses obligations légales au côté nippon en cas de conflit. Et Tokyo préparait pour octobre le rachat de 3 des 5 îlots, pour 25 millions de $, aux Kurihara, la famille propriétaire. Autant de gestes vécus comme des provocations en Chine, qui lançait (15/08) ses activistes de Hong Kong sur les îles, y déployer le drapeau rouge aux 5 étoiles, avant d’être expulsés par les Japonais. D’autres activistes nippons suivaient le 18/08, avant que Tokyo ne ferme la zone pour calmer le jeu.
Sur le fond : peuplées de pêcheurs jusqu’au XIX. siècle, aujourd’hui désertes, les Senkaku ont été prises en 1900 par les canonnières japonaises, puis gérées par Tokyo depuis Taiwan, sa colonie d’alors (qui depuis, les revendique). Elles passent en 1945 sous contrôle des USA, qui les rendent en 1972 au Japon. Enfin, détail important, jusqu’au tournant du siècle, ces cinq îlots incultes n’intéressaient personne, avant que l’on ne réalise le potentiel halieutique et minéralier de leurs fonds, et des routes maritimes passant à leur large.
En même temps se réveillait l’antagonisme de nations aux ambitions rivales, pour le leadership sur l’Asie. Pour le socialisme chinois confronté à tant de problèmes internes et à une opinion nerveuse, la marge de concessions sur ses revendications extérieures, semble à peu près nulle. Aussi, ce bras de fer s’accompagne d’un réarmement – de la Chine et de toute l’Asie. Cet été a vu l’accélération du plan chinois de missile intercontinental DF41 (14.000km, et jusqu’à 10 ogives nucléaires), tandis que les USA déployaient au Japon leur « bouclier high-tech », tel le X-Band, radar d’alerte précoce, tout en envisageant de l’étendre aux Philippines et ailleurs.
Cet effort est annoncé comme outil de défense contre… la Corée du Nord : prétexte qui ne trompe personne, mais qui avoue quand même son souci de maintenir et de renforcer l’alliance sino-américaine. En attendant des temps meilleurs !
Sommaire N° 27