Diplomatie : La houle jamais lointaine en mer de Chine…

En mer de Chine, deux mois de tension (avril-mai) entre Chine et Philippines débouchent sur une étrange accalmie.
La tension vient de la vieille revendication chinoise, héritée du Kuo Min Tang, d’une souveraineté totale ne laissant qu’une bande côtière de 20 milles aux voisins (Vietnam, Taiwan, Philippines, Brunei, Malaisie) – lesquels s’appuient sur les 200 milles marins reconnus aux Etats par la Convention de l’ONU du Droit de la mer.

Au 15/06, les flottilles sino-philippines au large de l’atoll de Scarborough se sont retirées « d’un commun accord », selon Manille, et « sans accord », selon la presse chinoise qui ne promet rien pour l’avenir. Au passage, un bateau philippin a été coulé (5 disparus). Puis le conflit s’est déplacé sur le plan du droit.

Le 21/06, le Parlement vietnamien intègre à son territoire les Paracelses (sous contrôle chinois) et Spratleys (dont des îlots sont occupés par divers camps). La Chine proteste et dès le 26/06, riposte en inventant dans les îles la ville de Sansha, leur chef-lieu. Prête dès 2007, l’initiative avait été reportée afin d’éviter de provoquer le Vietnam. La presse chinoise parle de matérialiser la ville par migration patriote – menace tout à fait plausible, mais au risque de déclencher des hostilités.

Autre rétorsion sans doute (23/06), Cnooc offre à l’étranger 9 blocs marins à explorer. Hanoï crie que ces 160.000 km² sont chez elle et avertit les candidats de ne pas léser sa souveraineté – ce qui barre la voie à toute Joint venture pour les multinationales (opération trop risquée).
Le 26/06, quatre garde-côtes non armés partent à plus de 2000 km au sud, semble-t-il en mission de protection de deux bâtiments de la Cnooc, le « OO-981 » (plateforme semi-submersible) et le « OO-201 » (navire de forage).

Plus au nord, d’autres pays aussi se livrent à des provocations. Autour de l’archipel Sankaku-Diaoyu, revendiqué par Chine et Japon, Shintaro Ishihara, le bouillant gouverneur de Tokyo, prétend racheter une partie des îles (à leur propriétaire japonais privé), puis Terry Gou, le taïwanais propriétaire du groupe Foxconn, offre de cofinancer l’achat, pour les « co développer ». Propositions qui ne font pas rire Pékin !

Signes rassurants : Pékin veille à n’envoyer en zones de tension que des garde-côtes désarmés, non sa marine de guer-re (histoire de se montrer, sans risquer de dérapage). D’autre part, en sous-main, avec Manille et Tokyo, Pékin discute.

Selon la presse nippone, qui reflète l’avis de Tokyo, la partie chinoise dispose à présent d’une chance d’embellie… suite à la chute de Bo Xilai, et surtout à celle de Zhou Yongkang, l’ex-tzar des polices chinoises. En effet, la Chine compte pas moins de cinq flottes paramilitaires (40.000 marins), aux ordres des ministères de la Sécurité publique, des Transports, de l’Agriculture, de l’Administration océanique et des Douanes. Une situation anarchique héritée de décennies d’ absence de la marine nationale, que ces autres administrations auraient cherché à combler. Aujourd’hui, aucun de ces organes rivaux ne veut sacrifier son atout maritime, promesse de richesses d’avenir. Mais la chute de Zhou ouvrirait la voie à la rédaction d’une loi maritime intégrale et à la fusion d’un corps de garde-côtes uni.

Ce qui serait la 1ère condition nécessaire (mais non suffisante) au partage pacifique entre pays riverains de la mer de Chine. La Chine pouvant alors reconsidérer ses revendications, d’une manière moins étriquée et plus acceptable au reste de l’Asie.

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