Environnement : Sommets du G20, Rio+20 – la grande désillusion

Par le hasard du calendrier, les nations du monde se réunissaient semaine passée au Mexique et au Brésil, en deux sommets sur deux problèmes urgents : la réforme des circuits financiers, et une croissance ordonnée et durable.

Or, ces deux sommets se sont déroulés dans une atmosphère similaire, fataliste, ayant raboté bien des ambitions.

Il y eut moins de négociations que de défilés de monologues d’intérêts régionaux. Deux phénomènes défavorables se conjuguent : la grande récession, et le fait que c’est la première fois dans son histoire, que l’humanité entière aborde des problèmes aussi lourds que nouveaux, nécessitant une gouvernance sociale que certains n’ont pas…

L’Europe poursuit sa grande retraite, et la Chine, sa pression douce, à la tête du bloc des pays émergents. En somme, tant en gouvernement monétaire que climatique, faute de décisions communes, l’avenir reste ouvert, et tout reste à faire.

Le G20 de Los Cabos

Au Sommet du G20 (Mexique, 18-20/06), siégeaient les Présidents des 20 puissances mondiales, pour poursuivre la réforme financière entamée en 2008 suite au crash aux USA.

L’outil n°1 était la réforme du FMI (Fonds Monétaire International). Dès 2009, le G20 le recapitalisait de 500MM$, dont 10% à charge de Pékin.

A Los Cabos, la dotation fut de 430milliards de $, dont 43 milliards de $ payés par la Chine et 22 milliards de $ par la Russie, l’Inde et l’Afrique du Sud. En retour, les pays émergents « BRICS » attendent un vote étendu au Conseil de direction de l’organe désormais piloté par Christine Lagarde. L’ensemble des pays d’Europe et d’Asie fourniront 340 milliards $, et les USA, rien ! En pleine période électorale, le Congrès est indisponible. Pour cette même raison, la complétion de la réforme du FMI fut repoussée d’octobre 2012 à janvier 2014.

La question taraudante était celle des chances de survie de l’Euro.

Un soulagement apporté par les élections en Grèce, qui choisissait de rester dans la zone Euro, fut éphémère. La Chine reste persuadée que « la faiblesse systémique de l’Europe et son absence actuelle de leadership entraineront tôt ou tard ses banques dans une impasse qui exporteront leur mal ». Dans ces conditions, la Chine se borne à soutenir l’Europe – en parole.
Hu répéta qu’il n’y aurait pas de stimulus pour relancer l’économie mondiale. Ainsi, la Chine se prépare à soutenir l’Eurozone de manière moins risquée : d’ici 2020, selon le rapport du groupe Rhodium en partenariat avec le fonds CICC (China International Capital Corp), les investissements chinois hors frontières atteindront 1.000 à 2.000 milliards de $, dont le quart en Europe – en immobilier, marques et actifs industriels. Dès le 1er trimestre 2012, selon un rapport de A Capital, l’Europe était la 2ème destination du capital chinois après l’Amérique Latine, avec 1,7 milliards de $, soit un triplement de ces opérations en un an.

Du reste, Hu était venu pour une autre démarche : prier Obama de ne pas éreinter la relation bilatérale durant la période difficile des élections. Ce faisant, implicitement, il « votait » Obama contre Romney, et l’assurait d’éviter de le mettre en difficulté pendant sa campagne. De même, il mettait en sourdine les divergences sur la question syrienne, laissant Obama dire que « Chine et Russie reconnaissaient les dangers d’une guerre civile » – admettant implicitement que les violences présentes ne pouvaient durer…

Après la rencontre entre Hu Jintao et F. Hollande, les deux présidents affirmèrent la volonté de renforcer « la coopération en énergie nucléaire et en aéronautique, tout en s’ouvrant aux énergies nouvelles et hautes technologies » – peut-être un prélude à de nouveaux échanges industriels « mondialisés » d’une nature encore indiscernable.

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