Environnement : Le RIO+20 du développement durable

« Une taxe carbone est une de nos options d’avenir… Mais comme nous préparons aussi un mécanisme d’échanges de droits-carbones, ajouter une taxe aux principaux émetteurs pourrait compliquer la législation » Su Wei, chef négociateur

Un signe qui ne trompe pas : aux 50.000 délégués de 190 pays présents à Rio (Brésil), quatre leaders n’avaient pas cru bon venir s’ajouter, d’un coup d’aile depuis Los Cabos : V. Poutine, B. Obama, D. Cameron et A. Merkel.

Autre mauvais signe : avant l’arrivée des délégués, « L’avenir dont nous voulons », le communiqué final, était prêt, tout chaud, et non-négociable. Chaque participant s’efforçait de justifier ce « forcing » de la présidence brésilienne, et de le présenter comme un succès de compromis raisonnable.

Dernier symptôme : suite à une collusion improbable, mais vraie, des USA et du Venezuela d’Hugo Chavez, un projet de Traité de protection de la haute mer a été éliminé des débats.

Dans ces conditions, que reste-t-il de ce sommet honni de tous ? Un genre de traité, dont tous les articles auraient été laissés en pointillé : un « forum de haut niveau » (organe consultatif), un « processus de fixation des objectifs » pour le développement durable.
Commentaire d’une ONG : « si les Etats ne déploient pas plus de volonté politique à l’avenir, ce papier restera lettre morte ».

Un « quart de résultat » aura été une nouvelle unité de mesure, dit du « capital-nature », ou du PIB « vert ».
Appelé « GDP+ », il sera en place en 2020, mesurant les performances économiques compensées par la qualité de l’air, les ressources en eau et en forêts. Le Royaume-Uni (Nick Clegg) sera un des 1ers pays à l’adopter.

Face à un pays hôte brésilien « sympa mais pas à la hauteur », la Chine n’a pas eu se battre pour bloquer toute avancée durant ce sommet. On a aussi évité tout débat sur la limitation des émissions dans l’aviation, où l’Europe tente de discipliner les pratiques mondiales à partir de son espace aérien, ce contre quoi Pékin mène l’opposition.

Peu avant l’ouverture du Rio+20, la Chine venait d’admettre 20% d’émissions supplémentaires de CO2 en 2010, 1,4 milliard de tonnes que les provinces avaient jusqu’alors cachées.
Pourtant la Chine, en interne, agit avec vigueur vers sa décarbonisation économique. En 2011, elle investit 52 milliards de $ en énergies renouvelables, introduit une taxe aux ressources minérales, et prépare une taxe des émissions carbone. Ainsi, la Chine refuse toute discipline communautaire, mais elle compense en effort national. Tout son style, face à l’étranger, est résumé ici : un égoïsme sacré, mais pas une fuite aveugle en avant !

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