Santé : Tuberculose : ombre noire sur la Chine

Rien n’y fait. Malgré toutes les campagnes en 20 ans, la tuberculose (TB) reste un problème majeur en Chine, avec plus d’1 million de cas par an. Pire, le pays compte aussi 25% de cas frappés de souches multi ou ultra-résistantes.

L’alarme est lancée par l’étude du Centre National de Prévention Infectieuse publiée au New England Journal of Medicine. Un projet d’envergure soutenu par le ministère de la santé et la Fondation américaine B&M Gates, qui suit 4.600 patients depuis 2007.

1ère leçon : la Chine abrite une « épidémie sérieuse de TB résistante ».

La tuberculose classique se traite en 6-9 mois, par cocktail de 4 antibiotiques. En cas d’arrêt ou baisse du traitement, la souche peut muter, rendant le cocktail inopérant. Or en Chine en peu d’ans, ces germes inconnus (issus des nouveaux pauvres urbains d’Amérique et d’Europe) ont progressé à pas de géant, surtout dans les campagnes aux hivers froids humides, à l’alimentation et l’hygiène précaires. Dès 2007, la Chine comptait 110.000 cas multi-résistants (durs à traiter), 8.200 « ultra-résistants », quasi-incurables et qui transmettent désormais la bactérie directement sur l’entourage, par toux.

Mais l’enquête désigne d’autres coupables : les « cliniques TB privées » qui abondent, mal équipées et mal formées, voire les hôpitaux-mêmes.
[1] Faute d’équipement, ils omettent les tests pour identifier la souche bactérienne. Par la suite, 1/10ème des malades multi ou ultra-résistants, sont soignés avec un cocktail inutile et en fait aggravant.
[2] Ces centres vivant souvent des ventes de leur pharmacie, pour eux, « le plus cher est le meilleur », et l’étude découvre avec effarement que les patients traités en hôpital « TB » accusent une prévalence multi– ou ultrarésistante, 13 fois supérieure à ceux traités ailleurs. Pour le Dr Daniel Chin, co-auteur, l’hôpital est clairement « un foyer des nouvelles souches résistantes » !

Que faut-il faire ?
D’abord, pour les auteurs, prévenir l’interruption de traitement ce qui suppose un travail lourd et de longue haleine de réforme des centres de soin. Il faut aussi détecter la souche, par le biais d’un diagnostic moderne. ET là, pas de formule miracle ! Porté au pinacle par l’étude sino-américaine, le GeneExpert, machine de détection en quelques heures par la salive, est fort contestée par les communautés scientifiques du reste du monde, qui y voit un « coup de pub », du fait de son prix prohibitif (60.000$), et de l’apparition sur le marché d’autres tests au moins aussi performants, et moins chers.

Le ministre de la Santé, Chen Zhu, est conscient de l’urgence. Car la tuberculose, marqueur social, menace des dizaines de millions de gens à peine sortis de la misère, et peut (tout comme le SIDA, le diabète où les pathologies du tabac) briser la croissance du pays, voire s’aventurer parmi les classes aisées : au Lycée français international de Pékin, depuis 15 jours, trois élèves et 1 maître sont en observation, pour une tuberculose (heureusement conventionnelle).

Face à la menace, le monde heureusement se réveille. « Depuis 30 ans », dit cette experte, la recherche sur la tuberculose à l’Ouest était au point mort : nous croyions le problème réglé ». Aujourd’hui, elle a repris, et Europe, Amérique, Japon échangent leurs hypothèses. Déjà le laboratoire nippon Otsuka teste une molécule qui, en cocktail, réduit ou tue en huit semaines la souche résistante. Un résultat « modeste, mais significatif », saluent les docteurs R. Chaisson et E. Nuermberger, de l’université américaine John Hopkins.

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