[1] A Ankang (Shaanxi), incapable de payer au planning familial les 40.000¥ de taxe de second enfant, Feng Jianmei, 23 ans, enceinte de 7 mois, avait « consenti » à avorter début juin—sous la contrainte en fait, comme il est vite apparu. Mais l’affaire fit scandale, après publication de la photo de la mère alitée avec son fœtus.
Or, fait remarquable, le régime cette fois suspendit trois cadres coupables d’«abus de pouvoir», et un vice-maire vint présenter ses excuses au couple, à l’hôpital.
[2] Choc à Shaoyang (Hunan) après la pendaison suspecte de Li Wangyang (06/06), vétéran des droits des travailleurs, récemment libéré de 21 ans de prison. Concluant au «suicide», les pouvoirs locaux avaient hâtivement fait incinérer la dépouille.
Puis confrontés à une vague de protestations grandissantes, incluant celle du gouvernement de Hong Kong, ils parlaient d’«accident ». Dernièrement, Li Xiaokui, chef de la police locale, révèle l’affaire « complexe », affirme qu’il n’a pas ordonné l’exécution, et craint de servir de bouc émissaire.
La province rouvre l’enquête, confiée à une équipe d’enquêteurs pékinois—sans grand espoir bien sûr, faute de corps du délit.
Deux choses sont frappantes :
1. la capacité de mobilisation sans précédent d’une population jeune, éduquée et connectée,
2. le repli souple des autorités. Il se peut toutefois qu’elles réagissent moins par souci démocratique que par calcul.
D’ici l’été, il lui faudra juger Bo Xilai, homme populaire, et le verdict ne pourra pas plaire à tous. Dans cette perspective, mieux vaut
donner du mou sur d’autres affaires « moins essentielles ».
Sommaire N° 22