Depuis 14 mois, une trentaine d’immolations par le feu a endeuillé les régions tibétaines. La dernière, le 27/05, a franchi une étape : en mois d’affluence (pour le Saka Dawa, depuis le 21/05, fêtes de la naissance du Bouddha), deux jeunes se sont aspergés d’essence face au Jokhang, à Lhassa.
C’était une première pour la capitale du Toit du Monde.
On voit donc que cette terrible pratique sort des monastères, gagne le centre, en dépit des immenses efforts du pouvoir. Les désespérés n’étaient pas moines mais garçons de restaurant. Trois jours après, une mère de famille de 33 ans les suivit au Sichuan, face au cloître de Jonang. Cette nouvelle vague de suicides a bouleversé les autorités locales, qui auraient interpellé jusqu’à 600 pour interrogatoire, et les pèlerins étaient expulsés -de toute manière d’emblée, les autorités se défiaient du festival, décrit par le « Quotidien du Tibet », (24/05) de « violations sérieuses à l’effort de stabilité ».
Les derniers morts rendent aussi caduque la récente série d’efforts du pouvoir pour dédramatiser. Ainsi, une règle imposant l’affichage des portraits des leaders politiques avait été révoquée en mars, et 20 temples avaient reçu chacun 14 machines à gym. Le 18/05, 28 nonnes étaient à Pékin, invitées par la Fédération des femmes, pour une semaine de formation au patriotisme, au tourisme et au shopping. Mais en face, des Tibétains expliquent cette vague suicidaire: « c’est leur ultime moyen de protester, tous les autres étant bloqués par des années de restrictions aux libertés ».
4 juin – 23 ième anniversaire du massacre de la Place Tian An Men
23 ans après le drame de Tiananmen, Chen Xitong, alors maire de Pékin, est le premier officiel à exprimer des « regrets » dans un livre d’entretiens publié à Hong Kong : première fissure dans le mur du silence.
Sommaire N° 20