Le 08/01, Nyage Sonamdrugy, Tibétain de 42 ans s’immole par le feu : 15ème en 10 mois, 3ème depuis le 01/01. Cette fois, il s’agit d’un Rinpoche, « Bouddha vivant » ayant dépassé (selon l’ordre lamaïste) la chaîne des réincarnations. À Dari (Qinghai), lieu du suicide, la police avait isolé la dépouille de Nyage. Devant l’émeute menaçant le commissariat, elle a dû rendre le corps, ensuite paradé à travers la ville.
Ainsi, tous les efforts publics pour enrayer cette vague sont en échec. Les immolations galvanisent toujours plus la « Sangha » du grand Tibet (5 millions d’âmes éparpillées entre 5 provinces). En vain, Pékin dénonce ces actes contraires au bouddhisme qui révère toute forme de vie. De fait, le Dalaï-lama condamne le suicide – quoique pas ceux-là.
Pour autant, en privé, Tibétains comme Hans admettent, unanimes, que ces protestations fatales sont un geste ultime de gens poussés à bout et n’ayant rien à perdre, qui font le don altruiste de leur vie à leur communauté.
La Chine, elle, recherche la réconciliation via croissance et bien-être social. Dernier avatar, elle octroie aux lamas et nonnes de plus de 60 ans, 120¥/mois de pension, aux autres, une sécurité sociale gratuite. Mais le programme décrit par le conseiller politique Basang Toinzhub pour 2012 ( « gestion » des monastères, « éducation » des lamas) suggère que l’Etat n’est toujours pas prêt à accueillir la demande de cette ethnie non-Han, d’un droit à la différence, et de temps pour s’adapter aux mutations déstructurantes (technologiques, économiques) qu’elle subit depuis deux générations.
Sommaire N° 2