Suite à des pluies en baisse de 21% en 2011, le lac Poyang (Jiangxi), orgueil du pays, va de mal en pis.
Privé du Yangtzé par le barrage des Trois-Gorges, le 2ème plus grand lac du pays atteint sa cote d’alerte absolue en 60 ans, réduit à 200km² et à 5% de sa surface. Enfer pour la faune : 500 000 oiseaux au rendez-vous de leur corne d’abondance annuelle de larves. Vers et alevins sont piégés, meurent par milliers, menaçant notamment la grue blanche de Sibérie (98% de l’espèce y transite).
Face à cette crise, la province tente une 1ère historique : un hélicoptère va larguer des tonnes de millet, maïs, poissons et crevettes. Geste de prise de conscience en Chine de la précarité, de la valeur de la biodiversité, et du devoir de partage de l’univers avec les autres espèces. Mais la province a une autre bonne raison d’intervenir. Les volatiles sauvages, non vaccinés, sont concentrés sur 9 étangs satellites, où ils se battent pour se nourrir : condition de propagation idéale de la grippe aviaire. En redispersant les oiseaux vers d’autres foyers d’aliment, l’homme subdivise et amoindrit ses propres risques d’épidémie.
La population aussi souffre. 120 000 riverains ne boivent plus que par camions-citernes et puits construits en urgence. L’heure est à la question des responsabilités. Déficit des pluies, mais aussi pompages et marais asséchés ont fait sauter la banque. Pour l’avenir, Pékin a approuvé l’érection d’une digue mais les experts doutent… La solution pourrait être celle appliquée au Fleuve Jaune : une gestion informatisée du bassin, seule capable de mettre en phase ressources et besoins.
Sommaire N° 2