Politique : L’étranger en Chine, dans ses petits souliers

Pour cent jours, depuis le 15/05, la campagne de la sécurité publique de Pékin contre l’immigration illégale, est lancée : contrôles renforcés dans les quartiers de Sanlitun et des universités de Haidian, visites de la police chez les expatriés. Cette campagne s’ajoute aux préparatifs d’une nouvelle loi des procédures d’entrée et de sortie des Chinois et des étrangers, ainsi que d’une base de données idoine.               

En 2011, 27,11 millions d’étrangers sont entrés en Chine (+10% par an en moyenne depuis 2000), dont 600.000 sont résidents (+de 6 mois). Mais seuls 20.000 étrangers étaient en situation irrégulière (0,07%).

Sur Weibo (21/05), les internautes semblent même pencher vers un contrôle plus strict de la communauté étrangère. Sur les 6.000 interrogés, 94,3% souhaitaient voir statuts, avantages professionnels, et patrimoines immobiliers des expatriés, davantage épluchés. Deux incidents filmés impliquant un Britannique et un Russe, circulent, alimentant la polémique. Laquelle a dérapé sur le microblog de Yang Rui, le présentateur de l’émission Dialogue sur la chaîne CCTV9, quand celui-ci s’est répandu en diatribes envers un étranger vécu comme profiteur, et qu’il conviendrait d’expulser au 1er faux pas.

Dans cette nervosité, l’influence de la crise est évidente – de la peur du lendemain, mère d’intolérance. Or ici, la nouvelle (Shanghai Daily, 24/05) d’un certain « Damo », Français anonyme ayant sauvé un passager dans le métro, vient à point   (à dessein ?) pour défendre l’étranger, par la démonstration de multiples vertus (secourisme, compassion, chinois parfait), qui estompent la mauvaise impression produite par les deux incidents.

L’affaire Bo Xilai elle-aussi, peut avoir joué son rôle dans cette campagne, l’aile conservatrice exacerbant ses préventions envers l’Occident, l’ex-puissance coloniale. Dans l’affaire Bo, l’obscurité demeure sur le statut d’un de ses réputés alliés, Zhou Yongkang. Ce chef de toutes les polices semble se défendre et remonter, venant de se faire élire « à l’unanimité » délégué du Xinjiang au futur XVIII. Congrès. On note aussi l’ultime appel du Président Hu Jintao (23/05) à la loyauté des militaires – une démarche récurrente ces dernières semaines, suggérant la rémanence d’une lutte interne.   

C’est dans ce contexte flou que sont annoncés les procès de Wang Lijun (l’ex-chef policier de Chongqing, poursuivi pour fuite au consulat américain de Chengdu), de Bo Xilai, et de sa femme Gu Kailai ( pour le meurtre de N. Heywood).

Très informé, le site américain dissident Boxun croit qu’une peine très sévère attend Gu, « chèvre émissaire », permettant ainsi d’épargner les deux hommes. Wang pourrait compter sur la mansuétude vu ses états de service, et pour avoir étayé l’accusation du couple par un échantillon du sang empoisonné de la victime…

Envers les adversaires déchus, convaincus de faute grave, ce régime a pour tradition de pratiquer une sanction « intermédiaire », lourde peine de prison mais non peine capitale. Les deux derniers leaders condamnés, Chen Xitong et Chen Liangyu (« rois » de Pékin et de Shanghai) en avaient pris pour 16 ans en 1998, et 18 ans en 2008. Le verdict prédit à Bo Xilai serait dans cette bande passante.

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