Economie : Croissance – l’hiver au printemps

La Chine escomptait redémarrer au printemps. Mais l’hiver qui s’éternise, sous une Europe à marée basse, a frustré ses espoirs : avril en fait, a connu des chiffres désastreux. Ainsi, l’électricité, « locomotive » de l’économie, n’a progressé que de 0,7%/an, contre jusqu’à +16%  depuis avril 2011. L’export a dérapé à +4,9%, et l’import à +0,3% , annonciateur d’un objectif non tenu de +10% à l’export pour 2012. Les usines ont ralenti à +9,3%, « plancher » depuis mai 2009. Avril toujours, les prêts bancaires chutent de 32,6% et les IDE (Investissement Direct Etranger) de 0,7%, 6ème mois de déclin (-27,9% sur janvier-avril, par rapport à 2011).

Du coup, les prévisions de croissance annuelle s’effritent à 8% selon Bank of America, 8,1% selon Citigroup. Sonnés, les analystes cherchent la raison de la dégringolade. Peut-être, dit Ting Lu (BoA) à cause d’un règlement obligeant les 700.000 principales firmes (90% du PIB) à rendre leurs chiffres directement à Pékin, sans passer par le cadre provincial qui les enjolivait au passage pour sécuriser son avancement.

Face au « coup de noroît », la Banque centrale (12/05) baisse de 0,5% la réserve obligatoire des banques, libérant 63,5MM$ pour les prêts. Mais ce n’est guère plus que rétablir la capacité de crédit des banques, érodée par les retraits des clients qui, pour se protéger d’une rémunération inférieure à l’inflation, ont replacé à court terme, plus rémunérateur. Les banques, petites et moyennes, ont déjà épuisé leur quota, bien que leurs prêts (20% du total) aient chuté de moitié en un an. Pire, la demande en crédit elle-même a disparu !

Faute d’être sûres de travailler à profit, les firmes n’empruntent plus. Mais attention : si fin 2012, la croissance  passe sous la barre des 7,5%, ce sera le signal d’un « atterrissage dur ». Pour l’éviter, il faudrait que les banques prêtent 850MM¥ en mai et juin, ce qui ne s’est vu que huit fois depuis 2004, et semble inaccessible aujourd’hui. 

Aussi, face à cela, le marché réclame un nouvel effort fiscal de l’Etat, en subventions et bonif’ d’impôts. Encore faut-il absolument éviter les investissements à fonds perdus. L’Etat ne peut plus se permettre l’orgie et le ratage de changement de modèle, qui présida aux 400 milliards de « stimulus »  de 2008-2009.

Le XII. Plan prévoit en 2012, pour 10,7MM kW/h de capacité nucléaire nouvelle (+12%), de lourds investissements dans la maîtrise de l’eau, la poursuite du programme HLM, et à moyen terme, 250MM$ dans l’aviation/aéronautique. L’investissement étranger va aussi être stimulé, tant en « QDII » (Qualified Domestic Institutional Investors, soit des investissements boursiers en fonds bloqués) qu’en d’autres formes, tels fonds de pension. 

Un maître-mot est l’équipement à haute technologie, où le Plan vise 6.000 milliards de ¥ (995 milliards de $) de ventes en 2015, et 15% de sa production dans ces marchés de l’énergie (bas carbone), du transport… manière de réduire la dépendance envers les leaders en la matière, Japon et Allemagne, moyennant une forte modernisation du parc productif. Il s’agit aussi d’accompagner le redéploiement de l’industrie vers l’Ouest (source d’énergie et d’emploi).

Toutes ces mesures n’auront d’effets qu’à long terme. Elles devront être prises dans la douleur par les acteurs économiques, avec l’aide de l’Etat. Lequel, pour l’instant encore, se tait. Il se concentre sur le débat sur l’avenir du pays et ses divisions, dans l’attente de la passation du pouvoir. Mais dépendante des flux et reflux planétaires, l’industrie chinoise peut-elle attendre ?

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