Aux points cardinaux , quatre actions expriment le redéploiement en cours des forces chinoises, et la réaction de ses voisins.
Au Nord-Est , Russie et Chine mènent (22-27/04) des exercices navals à 16 bâtiments : réponse de ces alliés aux manoeuvres Balikatan (« épaule contre épaule »), déployant en mer et sur terre (16-26/04), 6500 soldats américains et philippins à Panatag.
Au Sud-Est , 12 chalutiers chinois, surpris le 10/04 braconnant au large de Panatag, sont repartis, mais le face-à-face des croiseurs chinois et philippins se poursuit. Pékin semble protéger ses pêcheurs, quelque soit leurs agissements, et rejette toute proposition de Manille de porter le litige devant la Cour du Droit de la mer : la mer de Chine est une « affaire intérieure ».
À l‘Est , le patron de trois îlots de l’archipel Senkaku-Diaoyu veut les céder à la ville de Tokyo (de l’ultranationaliste gouverneur Sh. Ishihara ). Pékin menace de nullité la vente de « son » bien.
Au Sud-Ouest , le 18/04, Delhi lance son 1er missile balistique Agni-V (feu), pouvant frapper Pékin. La Chine elle, invite Japon et Corée à installer un observatoire dans les monts d’Aksai Chin, conquis sur l’Inde en 1962 et que Delhi revendique toujours. Deux gestes inamicaux.
Seules détentes : Séoul et Pékin ont convenu de règles contre les intrusions de pêcheurs chinois en eaux coréennes, et l’ASEAN (Association des Nations d’Asie du Sud-Est) prépare un code de conduite en mer de Chine du Sud, à soumettre à la Chine en juillet. Mais à l’évidence, les tensions actuelles enveniment les vieux conflits !
Le pôle Nord aimante l’attention
À mesure qu’il se dégèle, l’Arctique excite des convoitises dans le monde, y compris en Chine.
Ce qui suscite le voyage à thème de Wen Jiabao (20-27/04) pour obtenir un siège d’observateur permanent au Conseil Arctique. Il visitera deux pays membres (Islande et Suède) et deux autres influents en Europe (Pologne et Allemagne).
Pékin veut ce statut, pour faire respecter ses intérêts en cette enceinte. La cause scientifique est avancée, mais il y en a d’autres, tel le permis que le Canada (Etat membre) compte réclamer aux navires pavillons pour emprunter la route nord, une fois ouverte d’ici 35 ans. Elle raccourcira de 6400km le trajet Hambourg-Shanghai…
Il y a aussi le gaz (30% du stock mondial espéré sous le pôle Nord), le pétrole (13%), les nodules polymétalliques…
Pékin avance à petits pas – l’Arctique n’est pas sa priorité stratégique. Depuis 2004, la Chine a sa base aux îles Svalbard. Son brise-glace « Xuelong » prépare sa 5ème expédition, et elle en bâtit un 2nd plus puissant (8000t, capacité de briser 1,5m).
Pour ce lobbying, une autre étape aurait été utile : la Norvège, hostile à sa candidature, depuis 2010, quand Pékin a coupé le dialogue après l’octroi du Nobel de la paix à Liu Xiaobo…
A sa demande, le Conseil Arctique statuera en mai 2013. Il l’a déjà rejetée en 2009. Mais le feu vert est inéluctable, vu les bonnes relations avec les 7 autres membres…
Sommaire N° 15