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Les réformes économiques difficiles ne peuvent plus attendre », admettait le 18/03, le vice-Premier ministre Li Keqiang, futur patron ( ?) du Conseil d’Etat, devant Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international ( FMI).Joignant l’acte à la parole, le 19/03, le pouvoir édictait la plus forte hausse du prix du pétrole depuis 2009, reflétant le marché mondial (+15% depuis janvier). À +6,5% voire +7%, l’essence est désormais 50% plus chère qu’en 2009 – une prime compensatoire est offerte aux paysans et taxis. Avec l’inflation retombée à 3,2% en février 2012, contre 6,5% en juillet 2011, Pékin saisit la 1ère occasion pour relever le prix du carburant, et remettre sur ses rails le plan de réduction quinquennal d’intensité énergétique de 16% d’ici 2015.
Les 3,5% visés en 2011 sont loin d’avoir été atteints, avec un résultat de 2,01%.
Devant l’Assemblée nationale populaire (ANP), Wen Jiabao, le 1er ministre, promettait une modulation de l’austérité selon les milieux sociaux : Zhou Xiaochuan, patron de la Banque centrale (BPdC), prédit la baisse au 25/03 des réserves bloquées de près d’un millier d’agences de la Banque de l’Agriculture, libérant ainsi 23 milliards de ¥ (3,6 milliards de $) à prêter aux agriculteurs.
Par voie de presse, Zhou dit aussi (21/03) le pays prêt à libérer les taux d’intérêts pour laisser les banques décider seules de leur politique de prêt selon le marché, et promouvoir une assurance des dépôts contre les faillites de banques croulant sous les mauvaises dettes. Zhou ne se risque à aucune échéance. Pour cause : après 5 années de profits monstres, induits par un investissement « à fonds perdus » (35% chez ICBC ), les cinq plus grandes banques voient venir la vague des prêts irrécupérables. En 2012, une hausse de 40% de ces pertes est possible. Du coup, ces maisons cessent de prêter, bien en dessous des plans : 738 milliards de ¥ en janvier (contre 1000 milliards attendus) et 710 milliards de ¥ en février (contre 750 milliards).
La taxe foncière se met en place dans des villes-pilotes, Shanghai, Chongqing, bientôt Pékin, avant d’être généralisée. Au grand dam des provinces, préférant la liberté liée aux ressources d’expropriation. Une détaxesur le luxe importé est aussi proche, pour enrayer la fuite des capitaux, alimentée par le shopping touristique à l’étranger.
Idem, le capital extérieur est déréglementé : les banques étrangères reçoivent (21/03) de nouveaux quotas d’achats d’actions locales, pour les revendre hors du pays, recyclés en fonds de placement (dits « QFII » Qualified Foreign Institutional Investors). L’entrée en bourse de Shanghai approche pour les groupes étrangers présents en Chine : tirée vers le bas par la baisse immobilière (-22,2% depuis 11 mois) cette place est prête à recevoir cette vitamine venue d’ailleurs.
Et le ¥uan ?
Yi Gang, n°2 de la Banque centrale, note qu’après six ans de hausse (11/03), la monnaie atteint l’équilibre face aux devises, elle vient de perdre 0,5%, après être monté de 4,7% en 2011. La preuve : son déficit commercial de février, 31,3milliards de $ – le pire en 14 ans. La Chine continue ses achats de devises (y compris d’²) et échanges « swap », comme ces 10 milliards de $ échangés avec le Japonpour promouvoir le RMB en devise du monde. A long terme, la Chine n’est pas encore décidée à réformer le crédit ni le droit foncier. Comme dit A. Kroeber (Dragonomics), vu la tiédeur des conservateurs face à cette dérégulation, on voit mal comment le ¥uan pourrait faire beaucoup mieux qu’une devise de second rang.
Sommaire N° 12