Sport : Sport : la séparation lente du Parti et du ballon rond

En football, la saison 2012 de la Superligue a débuté  ( 09/03) dans une ambiance mixte de vieille lassitude et d’espoir renaissant.

La désillusion reste forte après 9 ans de corruption et de « bidonnage », causant la désertion des stades par le public, tandis que le nombre de juniors fondait de 600.000, à moins de 100.000 en 10 ans. En 2011, pour la 3ème fois, la Chine ratait sa qualification pour la Coupe du Monde 2014… Mais l’espoir revient avec une série de signaux clignotants, hirondelles qui font le printemps.

[1]  Signe d’une confiance requinquée, les clubs riches alignent une pléthore de stars : l’Argentin Conca à l’Evergrande (Guangzhou), le Brésilien Rochemback à l’Aerbin (Dalian), le Français Anelka au Shenhua (Shanghai). Cette transfusion de talents, pour des cachets frisant le million ²/mois prouve que les clubs ont les moyens, et foi dans leur avenir. Elle catapulte aussi le niveau : le 06/03, en Ligue des Champions asiatique, à Jeollabuk-do, l’Evergrande démolissait le champion sud-coréen, 5-1, victoire inouïe.

[2] Entamé en 2009, un nettoyage du milieu se poursuivait sans état d’âme.

Les 16-18/02, en deux procès au Liaoning, de lourdes peines frappaient 39 cadres, patrons de clubs et arbitres, accusés d’avoir truqué les matchs. Yang Yiming, l’ex-n°2 de la CFA (Association nationale du football), Zhang Jianqiang, ex-responsable des arbitres et directeur du « 11 » féminin, et Lu Jun, l’ex sifflet d’or, prenaient de 5 ans ½ à 12 ans de prison pour avoir touché des millions ¥. L’Etat ne voulait laisser aucun doute sur sa détermination à faire le ménage.

[3] Surtout, on assiste à un transfert d’autonomie de la CFA vers les clubs.

Depuis plusieurs années, ils pouvaient organiser leurs équipes de réserve. Puis en février, la CFA confiait une partie de la gestion des deux Divisions à un « Conseil » de représentants des clubs. Dans le pur style administratif chinois, c’est un plan pilote qui est en cours de test, en vue d’une « réforme graduelle » dès 2013.

Sur la pointe des pieds, le Parti se  désengage du ballon rond. Encore timidement, mais les implications sont considérables. En puissance, c’est la fin du dogme du contrôle universel des masses. Car, ce qui vaut pour le foot, devrait aussi valoir pour tous les sports, qui devraient à l’avenir être autorisés à élire leurs fédérations ; tout comme les autres secteurs (arts, religions, universités, ONG…), devant recevoir une dose d’autonomie pour soutenir la concurrence mondiale.

Lourd recul pour la pensée unique, mais le jeu en vaut la chandelle, par l’envolée du niveau footballistique que le régime peut en espérer. Grâce à cette réforme, devient réalisable le rêve de Xi Jinping, exprimé en juillet dernier : que la Chine se qualifie pour la Coupe du Monde, puis qu’elle l’héberge, pour enfin la conquérir – mettant ainsi un terme à des décennies d’humiliations aux coeurs des amoureux du ballon rond !

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