Acquis par Geely en 2010 pour 1,5MM$,Volvo voit son avenir suivi de près par le monde automobile, depuis qu’en 2009 SAIC (Shanghai Automotive Industry Corp), autre groupe chinois, a dû revendre sa filiale coréenne SSanyong après cinq ans de mauvaise gestion, faute d’avoir assimilé sa culture d’entreprise.
Li Shufu, Président de Geely, semble avoir retenu la leçon. Sous son ombrelle, Volvo hier proche de la faillite, parvient à s’assurer entre 10 et 11MM$ de recapitalisation à travers le monde d’ici 2015, et aspire au doublement de ses ventes à 0,8M d’ici 2020. Parmi ces investissements figurent 1 voire 2 usines en Chine, à Chengdu (Sichuan) mitoyenne de celle de Geely, et à Daqing (Heilongjiang), grâce auxquelles le groupe suédois prétend quintupler ses ventes chinoises dans le segment « luxe », à 200.000 unités d’ici 2015. Volvo et sa maison mère se montrent très clairs, dans la volonté de garder le clivage entre leurs images, respectivement haut et entrée de gamme.
Mais quand les marchés de Pékin ou Shanghai saturent, l’arrivée d’un nouvel acteur fait froncer des sourcils. Bain &Co l’avertit, en 2015 la Chine produira 40millions de voitures par an, pour des besoins de 26 millions : de quoi épuiser les profits de tout le secteur. Les plus grands, comme VW ou General Motors, peuvent espérer y voir les autres disparaître. Mais sur un tel marché en fin de cycle, quelle chance pour Volvo?
Un autre passionnant défi en cours est la tentative de rachat partiel de Yoplait, 9% des yogourts sur les cinq continents, n°2 mondial derrière Danone. General Mills (US), détenteur de la licence Yoplait pour le marché américain, et Nestlé sont en course – PAI, le fonds d’investissements français revend ses 50% de parts, le reste restant à la coopérative d’éleveurs fondatrice de la marque.
La surprise est venue du shanghaïen Bright Food, qui arrive en tête en offrant 1,7MM², prix très lourd -en 2010, Lactalis (France) avait été rejeté sur une offre d’1,4MM². Tel prix s’explique en partie par le niveau élevé de l’alimentaire dans le monde en année «de vaches maigres», où les productions vivrières sont en déficit. Mais par son offre attractive, Bright veut aussi dépasser un double préjugé chez l’acheteur.
[1] En 2009, le secteur laitier chinois fut mondialement éclaboussé par le scandale de la mélamine -même s’il fut alors un des rares à sortir indemne de l’enquête.
[2] Par ailleurs, Bright a aussi la réputation d’un groupe aux réactions primesautières, venant de se désengager coup sur coup du rachat de United Biscuit (UK) puis de GNC, producteur américain de vitamines.
Mais Bright, «King-Kong» de l’alimentaire régnant sur le riche delta du Yangtzé (lait, mais aussi confiserie et spiritueux) espérerait 100MM$ de ventes cette année. Avec sa réserve de technologie forte et de bons produits exportables, Yoplait serait pour lui une échelle vers ses trois voies d’expansion- la qualité, la restauration de son image, et les marchés émergents. Entre le français et le chinois, les chances de synergies apparaissent sérieuses, selon Ge Junjie son PDG adjoint.
Paris suit les tractations, et se réserve d’intervenir, mais ses propres champions Bel et Lactalis sont déjà au tapis.
Et l’exemple de Volvo sauvé, refinancé par son repreneur céleste, pourrait faire pencher la balance dans l’autre sens !
Sommaire N° 8