L’an 2011, pour la Chine au Soudan, a été difficile : ayant misé sur le « mauvais cheval » du Soudan-Nord, qui au terme de 20 ans de guerre civile, abandonnait le 09/07, au profit du rival sudiste, les 3/4 de son or noir et 375 000 barils/jour. Un pétrole que Pékin ne pouvait se permettre de perdre, développé par lui, et représentant 5% de ses imports.
Solution : Pékin avait reconnu les « rebelles » d’hier, tout en leur offrant les mêmes conditions (revenu d’achat, aides...) qu’à Khartoum.
Mais comment exporter le pétrole, via le seul oléoduc, bâti par la Chine vers Port Soudan, à travers le Nord ? Quel droit d’usage ? Juba propose 2,6 millairds de $ de prime unique, et 0,7$/b contre 36$/b revendiqués par le Nord. Depuis des semaines, les négociations sont bloquées. Et le pétrole chinois aussi…
Alors arrive Liu Guijin, envoyé de Pékin pour dégager un accord, y compris sur la propriété de l’Abyei, région mitoyenne riche en gisements. Il est le 07/12 à Juba, le 08/12 à Khartoum. Avec ses intérêts de part et d’autre, la Chine est la seule à même de jouer l’arbitre.
Si Khartoum exige de si hautes royalties (1/3 du revenu), c’est que Juba prépare son propre oléoduc vers Lamu (Kenya), qui rendra obsolète celui de Port Soudan. Mais ici aussi, Pékin a un souci : l’ouvrage serait construit et financé par le Japon, rival de la Chine. Décidément, sa seule chance de tirer son épingle du jeu, est de mettre les frères ennemis d’accord…
Sommaire N° 40