Au Sommet climatique de Durban (COP 17), qui s’acheva le 11/12, le scénario connu depuis deux ans au COP 15 de Copenhague aurait pu être celui d’un blocage par une alliance tacite de Chine, USA et Inde (plus de 50% des émissions de gaz à effet de serre) : Chine et Inde, au nom de la responsabilité des pays riches, USA, au nom du refus des 2 autres de prendre leur part des coupes obligatoires de pollution.
Mais à Durban, un grain de sable imprévu vint bloquer les rouages: la rébellion vive, la nuit du 9/10, des pays insulaires-pauvres—1ers submergés par un réchauffement global et la remontée des mers qui s’ensuivra. Du coup, l’Union Européenne (la commissaire Connie Hedegaard ), alliée au groupe de 120 PVD, renforçait la pression sur les grands pollueurs. Dépassant la « dead line », 24 h. de marathon s’ensuivaient, à 190 pays. Un compromis se dégageait, en quatre documents synthèse de 13 ans de palabres.
Les USA (T. Stern) créaient la surprise en se ralliant en 1er. Puis l’on voyait Inde et Union européenne s’isoler en bilatérale, suite à quoi le représentant de New Delhi annonçait accepter nouveau traité « avec force légale» : l’Inde semblait se rallier, ne laissant plus que la Chine, comme adversaire d’un accord mondial contraignant.
Dans cette ambiance fiévreuse et épuisée, elle apparaissait ensuite se raviser quelques instants pour sauver son alliance avec Pékin et différer le moment de participer à l’effort global. Finalement l’accord global prévalait.
Sous réserve d’inventaire, les 190 Etats acceptent le principe d’un futur traité pour remplacer Kyoto (après 2012) et enterrer les passe-droits des grands émergents. Le traité doit être négocié pour 2015, ratifié pour 2020, moyennant quoi les 190 Etats prolongeraient les engagements de Kyoto. Un fonds vert technologique aux PVD est convenu, ainsi qu’un mécanisme de vérification des actions nationales de coupe des émissions de CO2.
Pékin ne veut pas de concessions au monde, au nom d’une sensibilité conservatrice ultranationaliste. Mais il aurait de bonne raison de s’y plier, en raison de la pollution folle sur le nord du pays, tels les 522 µg/m3 relevés le 4/12 sur Pékin (cf photo), causant l’annulation de 700 vols, la fermeture de 10 autoroutes, des dizaines ou centaines de morts pour troubles respiratoires à travers le pays et la fureur des masses -4,5M de plaintes sur Weibo.com le lendemain).
Aussi sur son sol, Pékin se montre aussi actif, qu’il freine les choses à l’international. Au cours du sommet de Durban, un plan chinois circulait (2011-2015), visant une coupe de l’intensité carbonique (17%) des provinces, et annonçant de nouveaux contrôles locaux.
Aux plans de génération solaire et éolienne d’ici 2020 (180 GW, selon l’AIE), doit s’ajouter le « septuplement de la capacité nucléaire d’ici 10 à 20 ans », selon Shi Lishan, de l’agence chinoise de l’énergie. En réalité, selon nos sources, la Chine s’interroge: pour réduire l’énergie carbonique, elle devra passer par plus de collaboration étrangère. A Durban, on vient de voir un premier pas en ce sens.
Sommaire N° 40