Le 30/11, de l’église Ste Marie de Yibin émanait une ambiance éloignée de la sérénité attendue pour l’ordination de Pierre Luo Xuegang : scanners et chiens passant un à un les fidèles, portables et caméras laissés à la porte du parvis. Luo devenait évêque coadjuteur de cette ville du Sichuan, avec l’aval du Vatican et de la Chine.
C’était une embellie dans les rapports variables entre ces pouvoirs spirituel et temporel. Car les trois dernières ordinations depuis nov. 2010, avaient été célébrées sans l’accord du Pape. Par contre la «réconciliation» était gâchée par la présence de Paul Lei Shiyin, Président de l’Association Catholique Patriotique (ACP), un des 3 évêques réfractaires, excommunié de ce fait par Benoît XVI, mais qui participait physiquement à l’ordination, bravant l’interdit papal.
Aussi, le signal donné par cette cérémonie est pour le moins brouillé, et l’on est toujours dans l’« état de guerre » décrit par Joseph Zen Ze-kiun, cardinal de Hong Kong, où le pouvoir force les prêtres à assister à des ordinations sacrilèges, et où le Vatican excommunie.
Le conflit passe par une vieille question : qui choisit les évêques ?
Un temps, le souci avait semblé résolu par un partage pragmatique : Rome soumettait sa « shortlist » et Pékin choisissait. Ce n’est plus le cas. Le vrai problème est ailleurs, dans l’autorité du Pape, et dans la normalisation. Si le Vatican et le PCC rétablissent des relations régulières, que fait-on de l’ACP, et de ses nombreux biens sous le soleil chinois ? Tant que cette question n’est pas réglée, point de salut !
Sommaire N° 39