Défense : Un espionnage chinois fébrile

Le 2/11, le ministère chinois de la Défense assouplissait les critères d’entrée à l’APL, l’armée chinoise, dans le but avoué de doubler ses diplômés en kaki (fin 2009, 130 000 soit 5,7% des effectifs), offrant aux étudiants 75% de leurs frais de scolarité. Un des objectifs est de renforcer ses services de renseignements, quoique déjà parmi les plus hyperactifs et ramifiés.

Le 3/11, justement, 14 agences publiques américaines accusent devant le Congrès, Chine et Russie d’un effort sans précédent d’espionnage sur leur sol. Victimes : les firmes, mais aussi les universités et ministères. 

Les cibles de cette pêche sont la défense (maritime, aérienne, spatiale), l’IT, les matières 1ères (surtout celles rares, comme les terres du même nom), les énergies propres, les sciences de la vie. Certaines firmes savent avoir été hackées. D’autres l’ignorent – mais toutes sont victimes. Les dommages réels restent inconnus, certains groupes cachant leurs pertes. Ils pourraient s’élever, dit le rapport, à 1000 MM$/an.

McAfee, Symantec, experts mondiaux de sécurité de la toile, arrivent aux mêmes conclusions : des dizaines de groupes parmi les plus puissants du monde, voient pillés leurs secrets commerciaux et techniques.

Qui est derrière ? La plus grande prudence est de mise. On sait que les moyens mis en branle sont ceux d’un Etat, qu’ils impliquent des dizaines de milliers d’actifs furtifs, parmi les 450 millions d’internautes chinois. Il peut y avoir invasion par des milliers d’e-mails simultanés. Après pénétration des défenses, l’agresseur dépose dans l’ordinateur un logiciel espion qui exporte secrètement ses données.

C’était à prévoir : le cyber espionnage chinois coexiste avec le renseignement classique. Le 06/10, la presse moscovite révèle la détention depuis un an d’un Chinois qui tentait d’acheter des informations du missile S300. Autre technique, le barbouze « free-lance » : à l’aéroport O’hare (Chicago), une ingénieur, ex-chinoise et ex-employée de Motorola, est arrêtée avec plus de 1000 documents de l’entreprise. En échange de ce « butin », elle espérait un emploi chez la concurrence.

La Chine est aussi présente sur le créneau des technologies d’espionnage les plus récentes. Dès 2007 et 2008, ses stations au sol sondent les satellites américains de météo—quoique les USA ne s’inquiètent pas outre mesure, vu le retard technologique témoigné lors des visites. Ses drones se lancent sur la Mer de Chine et ses propres satellites furtifs se calibrent à partir de mires de 2km² dessinées au sol (photo).

Face à cette frénésie d’espionite tous azimuts, les USA, la nation la plus vocale, ont deux réactions. Face au Congrès, le sénateur républicain M. Rogers présentait semaine passée un projet de loi appelant, entre autres, FBI et CIA à aider ponctuellement les groupes américains à se défendre.

Et J. Lewis, patron du programme « technologie » au CSIS ( Center for Strategic and International Studies),dit les choses sans fard : « la Chine n’est pas la seule à espionner… bien des pays pratiquent la collecte de données électroniques… et si nous surveillons surtout ce pays, c’est que nos  nations se ressentent comme les deux rivaux potentiels ultimes, dans une spirale concurrentielle qui pourrait atteindre le point de conflit ». Brrrr !

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