Dernière campagne dans Pékin : pour six mois, la ville traque les geôles clandestines où croupissent les pétitionnaires provinciaux ayant eu le malheur de se faire repérer.
Ces cachots banlieusards sont l’investissement collectif, défensif des bureaux des provinces. Les pétitionnaires montent à Pékin, après avoir subi un grief (expropriation, abus de pouvoir) non réparé par la justice locale. Ils ont souvent des preuves susceptibles d’inquiéter les caciques locaux, et en cas d’échec de leur démarche, il leur reste la presse pékinoise, assez protégée des « bras longs » provinciaux.
Aussi, ce leadership local a imaginé 10 ans en arrière, de faire appel à des «entreprises de sécurité» pour neutraliser les plaignants, repérés (parfois à leur accent !) autour des gares, des tribunaux et autres étapes incontournables de leur longue marche pour la justice. Enlevés, incarcérés des jours ou mois, ils sont aussi maltraités, pour leur faire passer le goût de se défendre. Une ONG recensait en 2010, 2 600 victimes – chiffre qu’elle estime très en-deçà de la réalité.
Sur ces « prisons au noir », Pékin fait le nettoyage :
[1] à cause de l’illégalité du système, [2] souhaitant alléger la tension sociale en combattant publiquement la violence. Mais elle veut aussi [3] reprendre en main les 5 500 bureaux de représentation des villes, préfectures et provinces, dont l’action lobbyiste alimente inflation et corruption. Cela dit, les pétitionnaires gardent leurs doutes : pour une taule fermée, 10 demeurent, cachées ou pistonnées.
Sommaire N° 39