La Chine médite, après la mort de la petite Yue Yue, 2 ans, à Foshan (Guangdong—21/10), écrasée successivement par deux camions ayant pris la fuite. Le drame fut filmé par une des nombreuses caméras de surveillance, permettant de retrouver les chauffards. Mais l’examen de conscience était nécessaire, tout le monde se sentant fautif- les 18 passants ayant choisi de ne rien voir, les parents occupés à leur commerce, les voisins indifférents…
La Chine se rappelle tous ses accidents avec délits de fuite, voire le meurtre des victimes par des chauffeurs croyant payer moins cher pour un mort que pour un blessé. Cet internaute sur son microblog, flagelle la société : « Adieu, je te souhaite de ne pas renaître en Chine » …
Cependant, cette l’affaire sordide révèle des bribes de progrès. Le pays ne veut pas de cette image.
Un débat s’engage, entre ceux qui sont pour la mise en place d’une loi pénalisant la non-assistance à personne en danger, et ceux en quête de solutions réalistes, telle la promotion du civisme par des ONG.
Plusieurs racines du drame sont identifiées: [1] l’exigence du régime d’assumer seul la responsabilité morale qui, ailleurs, est à charge de la conscience de chacun ; [2] la primauté depuis 30 ans de l’enrichissement individuel ; [3] l’inadaptation de la loi et la justice, ce qu’illustre ce cas bizarre advenu à Nankin en 2006 : un homme qui avait transporté à l’hôpital une vieille femme après une chute, et celle-ci étant décédée, fut poursuivi par la famille et condamné à payer 40% des soins. Pour le juge, « il n’aurait jamais porté assistance, s’il n’avait été mû par un sentiment de culpabilité » !
Sommaire N° 35