Banque : Armada de mesures au secours des PME et des provinces

Début octobre, c’est vers Wenzhou (Zhejiang) que Wen Jiabao tournait ses pas (cf VdlC n°34): en un an, 80 000 PME venaient de fermer (20% de celles de Wenzhou) et 80 patrons étaient suicidés ou en fuite, car en faillite (1,6 milliards $ de dettes cumulées). Wenzhou était le miroir de la crise en Chine.

La cause venait de Pékin. Les banques publiques ne prêtant qu’aux groupes publics, les PME recouraient soit à l’autofinancement, soit aux banques grises, riches de 377 à 600 milliards $ (selon sources) prêtés avec un taux d’intérêt jusqu’à 100%, étranglant lentement l’emprunteur. Même à ces taux, l’usurier privilégiait le secteur immobilier, plus lucratif que l’industriel. Résultat à Canton : 80% des PME ont souffert d’une perte de capital, et 33% d’entre elles, de plus de 10%.

Lors de son passage, Wen Jiabao avait multiplié les bonnes paroles. Des actes ont suivi : le 25/10, Xiao Yuanqi, directeur à la CBRC (China Banking Regulatory Commission) annonce un feu vert imminent aux banques pour lever des obligations au profit exclusif des PME. D’autres mesures encourageront des banques « qualifiées » à déployer filiales et franchises dans des petites villes, près des PME. Les banques doivent aussi rehausser le plafond d’endettement de ces clients – mais sans chiffre contraignant, « vu leurs situations différentes». Reste enfin le microcrédit, 460 millions $ l’an dernier, à 70 millions  de fermiers. 

 De janvier à juillet, malgré la crise, les prêts aux PME ont monté de 26%, à 1550 milliards $ – montant très en dessous des besoins. Les difficultés des PME les empêchent d’utiliser les infrastructures des provinces, ce qui aggrave à leur tour leurs dettes. Témoins, les 74 000 km d’autoroutes à péage bâties en 15 ans, pour un coût de 199MM$. Ordonnées par Pékin de présenter leur bilan sur ces investissements, 16 provinces sur 31 ont obtempéré : seules 4 d’entre elles ont rencontré la rentabilité. Les 12 autres admettent n’avoir récolté que 26 milliards de $ l’an dernier, de quoi payer les intérêts mais pas de rembourser. 

Ces chantiers ont le plus souvent été décidés sans étude de marché, causant redondances et sous-emploi, d’autant plus embarrassant que depuis 1994, villes et provinces n’ont plus droit à l’emprunt direct. Elles ont contourné l’interdiction en créant plus de 10 000 « véhicules d’investissement », source de 1 578 milliards de $ de dette provinciale – dont 300 à 450 milliards $ sans doute irrécupérables. Depuis 2008, cette dette locale a triplé, nourrie par les 629milliards de $ du « stimulus » du gouvernement central.

Confronté à cette évolution préoccupante, l’Etat central réagit par des mesures en dents de scie. En juin, il commence par interdire les prêts bancaires aux sociétés- écran des provinces. Mais le 20/09, il les rétablit, au seul bénéfice des HLM. Puis le 20/10, il autorise 4 riches provinces et municipalités (Guangdong, Zhejiang, Shanghai, Shenzhen) à émettre des obligations, à 3 à 5 ans, pour 3 à 5 milliards de $ (cf article dans ce même numéro), toujours limité aux HLM. Une fois assuré que le système n’est pas – comme pour la énième fois- détourné, il sera étendu à la nation. Et c’est ainsi que l’Etat montre son dilemme, obligé de supprimer les investissements faillibles, mais devant aussi éviter la faillite des provinces !

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