Aviation : B787 qui pleure et A380 qui rit

Le 17/10, China Southern dame le pion aux rivaux intérieurs, en lançant son 1er A380, l’appareil mythique d’Airbus. China Southern avait su obtenir de la tutelle CAAC l’achat ferme de cinq appareils (bien en dessous du tarif actuel, 375M$), avant le conflit opposant la Chine à l’Union Européenne sur son projet «crédits carbone» (ETS). Celui-ci causait en juin le gel d’une commande de 10 A380 pour le groupe Hong Kong Airlines/Hainan Airlines.

Surprise : le transporteur cantonais exploite l’appareil… sur ses lignes intérieures. À l’inverse des carriers mondiaux, qui l’exhibent à l’international. «Bien sûr, qu’il préférerait voler vers New York ou Paris, dit cet universitaire, mais il faut d’abord faire preuve de patriotisme» !

A vrai dire, le sacrifice n’est peut-être pas si lourd : China Southern n’a pas la licence pour ces routes—il la réclame en vain depuis des années. Au contraire, en volant sur Shanghai ou Pékin, n’est-ce pas le meilleur moyen de faire pression sur l’Etat pour qu’il accélère l’octroi de ces routes, en faisant remarquer l’emploi gaspillé de cet outil cher, sur des lignes bon-marché ? De toute manière, dès décembre 2011, son 2ème A380 fera les routes étrangères déjà en sa possession – Asie, Los Angeles, voire sur trois routes nouvelles qu’il annonce d’ici là.

A380 pavoise donc en Chine, mais son rival B787 y souffre, venant de perdre 24 commandes (18/10), annulées par China Eastern. Problème : cet avion d’avenir, aux performances rares, a trois ans de retard. Or la Chine, avec son marché bouillant (+7,2% de hausse/an attendue d’ici 2030) ne peut pas attendre. C’est pourquoi pour moins que les 3,3MM$ des 24 Dreamliners, et sans pénalités en restant chez Boeing, il aura 45 B737 à 215 places – d’ici 2016 !

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