Après un an d’efforts des autorités financières pour assainir les finances publiques et passer à une croissance «durable» basée sur le marché intérieur, des résultats apparaissent—mais sont évidemment insuffisants.
Certes, par ces quatre hausses des taux d’intérêts, et neuf hausses des réserves bancaires, 400MM² de crédit flottant ont été mis hors circuit—qui pourraient suffire à amortir les prêts irrécupérables des provinces (460MM$, dit Wang Tao de l’UBS).
Les prêts ont atteint en mai leur niveau le plus bas en 8 mois, à 551,6MM¥ -dans l’espoir de limiter les invests « politiques » et sans marché. Pékin pourfend l’inflation sur tous les terrains, notamment l’alimentaire. Pour l’immobilier, le prix du neuf a monté en mai de 6%, mais a commencé à baisser sur le marché de l’occasion—il reste hors de portée pour 74% des acheteurs. Une chasse aux péages abusifs sur des tronçons déjà amortis, est lancée (aéroport de Pékin ou le pont de Zhengzhou-Henan).
Mais face à ces pâles embellies, cent chiffres se pressent pour démentir l’optimisme.
L’export a encore généré ce mois-ci un surplus de 13MM$, que l’État aimerait bien rééquilibrer, pour prouver que la croissance désormais, se fait sur le marché intérieur, et pour faire taire à l’étranger les demandes d’une réévaluation du yuan. Une coupe de 4 à 5% dans les restitutions de taxes à l’export, est d’ailleurs en étude avancée, pour parvenir à la tendance ouvertement souhaitée, le déficit commercial !
Autre mauvais chiffre : à +26% en mai, les investissements d’équipements restent très vifs : « comme ressort du PIB, l’exportation a été remplacée par l’infrastructure», commente P. Chovanec, professeur à Tsinghua, Mais ce type de croissance ne crée pas d’emplois ni de richesse pour la population, faute de faire travailler les PME – il n’y en a que pour les groupes publics.
Côté inflation, la courbe atteignait 5,5% en mai – 12% pour l’alimentaire— les crues au centre la Chine aggravent la tendance. Pour juin, l’inflation atteindrait 6%, nourrie par les matières 1ères (énergie, acier) et les grands groupes, qui parviennent toujours à accéder au crédit malgré l’austérité. Les micro-entreprises de même, peuvent se financer par épargne de proximité. En fait, le véritable poids du resserrement du crédit pèse sur les PME, qui ne trouvent plus de crédit hors des banques grises, (6 à 10% par mois), ce qui les conduit à la faillite.
La consommation marque donc le pas—la fin de la prime automobile n’arrange pas les choses: en mai, la consommation privée a augmenté de 16,9%, chiffre faible. Ceci est d’autant plus décevant, que les hausses moyennes de salaires de 40% en 2010, seront suivies de 20 à 30%/an durant le XII. Plan.
L’État promet aussi 25% de son budget à la Sécurité sociale (le 21/06, le fonds national de pension rachète 11% de l’assureur PICC, 1,55MM$). Mais chez les «petits», apparemment, la hausse des salaires est largement absorbée par l’inflation. Les riches eux se protègent en courant vers des placements spéculatifs : les 604 tonnes d’or achetés en 2010 en bourse de Shanghai (+ de 20% du monde), et l’actuelle ruée en milliards de $ sur l’immobilier haut de gamme entre Paris, Londres ou New York…
En 2010, se rappelle Michael Pettis, l’économiste de Beida, le consommateur chinois ne dépensait plus que 34% du PIB, la moitié du score américain. Pour faire remonter le chiffre à 40%, d’ici 2016, objectif du Plan, la consommation devait augmenter de 3% de plus que le PIB, ce qui aurait marqué un nouveau record historique mondial. Mais à ce jour, le mouvement n’a pas démarré : la colle met du temps à prendre….
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