‘A Pékin les 7-8/06, Energy in China, la table ronde de l’Asia Centre (SciencesPo-Paris), pour sa 6e session, réunissait industriels, financiers et officiels européens et chinois autour du thème Feeding smart and sustainable cities.
Pour M-H. Schwoob, l’organisatrice, il s’agissait de définir ce qu’est une ville écologique intelligente, où en sont les énergies renouvelables, comment limiter les pertes de réseau par effet Joule —les deux tiers du courant produit avant d’arriver au consommateur.
Une autre question a été celle de l’efficacité énergétique des bâtiments en Chine, déchirée entre les impératifs d’économiser la chaleur et de renouveler l’air. En juin 2010, suivant le Centre National de Prévention & Contrôle des maladies, 2,2 millions de Chinois, dont 1 million des moins de cinq ans mouraient de troubles respiratoires, dus à la pollution en appartement, 5 à 10 fois supérieure à celle du dehors…
Parmi les soucis exprimés lors du séminaire, figurent :
[1] le non raccordement des fermes solaires ou éoliennes au réseau – problème technique, qui mettra des années à se résorber.
[2] le souci du financement. Les techniques sont là, innovantes mais chères et les règlements se mettent en place, comme le tarif d’achat (feeding tarif). Ce qui manque est un retour sur investissement décent. L’investisseur pourrait accepter cinq ans. La technique en permet sept, et pour ne rien arranger, le « profit » des économies d’énergies se mesure en argent non généré, mais épargné—peu incitatif.
C’est le souci n°1 de la Sino-Singapore EcoCity en construction à Tianjin depuis 2008, présentée par Goh Chye Boon, son CEO «financement».
Malgré la participation du groupe Keppel ou du bras financier du Qatar, le projet ne tient que par la volonté publique, et ne bâtit pour l’instant que 1,2km², sur les 32,4km² alloués par la mairie à cette ville satellite à 40km à l’Est du centre ville.
Malgré cela, cette ville, par son intégration de techniques, a plus de chances que d’autres projets d’Eco cities aujourd’hui bloquées (Erdos/Mongolie Intérieure, Chongming/Shanghai). Son habitat sera 100% green, avec 20% d’énergie autonome (biomasse, éolien, solaire). Evacués par circuit pneumatique, les déchets domestiques seront recyclés à 60%. La ville limitera son empreinte carbone à 150t par million de dollars de PIB, lui permettant de revendre des crédits d’émission dans le cadre d’un système mondial «post-Kyoto». Les eaux usées seront retraitées et iront dans les canaux ou (avec l’eau de mer désalinisée et la collecte des pluies), les 50% d’eau courante autonome.
L’éco-city prévoit 12 écoles, un hôpital, un parc commercial. Les transports associeront voiture électrique, vélib et tram. Chacun des 350.000 habitants disposera de 12m² de verdure, et un air d’une pureté de classe II.
Fruit de tous ces efforts, le résultat sera un site urbain des plus modernes et confortables – s’il parvient à trouver, et à imposer toutes les solutions techniques et culturelles, en éclaireur pour les autres villes de la planète.
Sommaire N° 23