Temps fort : PCC : le « management social », nouveau mot d’ordre

En Chine, tout leader veut laisser sa trace dans l’histoire, dans la pensée du Parti communiste chinois.

Jiang Zemin avait proposé ses «3 représentativités». Hu Jintao lança sa « société harmonieuse », puis en février (comme digue contre les idées du printemps arabe) son management social (社会管理) : socle d’outils pour améliorer l’image du régime, tout en renforçant la censure, la discipline de parti, la sécurité publique.

Parmi ces mesures, la Cour suprême réitère aux tribunaux une consigne de 2008, de «limiter» la peine de mort «tant que possible». Mais on ignore encore l’impact futur de la recommandation – de source officielle, la mesure de 2008 aurait réduit de 15% les peines capitales.

Par la voix de son Président Wang Shengjun, la Cour Suprême renforce (30/04) le traitement des pétitions, recours du citoyen contre les abus du cadre. Selon cette directive, toute pétition doit être traitée par les tribunaux qui doivent évaluer le risque, informer Pékin, offrir au plaignant un rendez-vous, et surtout une médiation, avec assistance psychologique et juridique. Sur le fond, la médiation annule la plainte, pour inciter les parties à s’entendre. Amorcé depuis 2006, le tournant est à 180°: selon les magistrats, les médiations ont triplé de 2004 à 2009, pour traiter la moitié des plaintes de 2010. Problème: médiation n’est pas justice, surtout pour les petites gens spoliées. En pratique, le choix du pouvoir de privilégier la médiation sur le jugement aurait brisé 20 ans de réforme judiciaire en Chine. Ce qui contribue pour beaucoup à expliquer le climat actuel très tendu (cf article p.3).

Autre technique de management social : la hausse des salaires, surtout des bas, supposée suivre celle du PIB sous le XII. Plan. Ici, un acteur d’ordinaire déconsidéré parmi les masses laborieuses, est supposé tenir le rôle du chevalier blanc : le syndicat unique ACFTU, contre les multinationales. Les corporations des Fortune 500 sont 4800 en Chine.

D’ici 2013, croit Guo Chen, un des hauts cadres syndicaux, 95% devraient avoir entamé des palabres de conventions collectives. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres, les employés ignorent leurs droits, et n’ont guère de pression—sauf là où la masse salariale se fait rare…

Autre effort : désendetter les provinces.

Les 600MM$ d’aides d’Etat de 2008 ont souvent atterri chez leurs 10.000 organes financiers «gris», montés pour contourner l’interdiction d’emprunter. Ils ont financé des «usines à gaz» non profitables, causant selon Pékin une dette de 1500MM$, dont jusqu’à 450MM$ insolvables. Montant gérable, mais en le cumulant à la dette centrale, on arrive à 80% du PIB, selon A. Batson, consultant pékinois. Aussi, début juin, la rumeur prêtait à l’Etat le plan de placer 3800 des maisons faillies sous l’autorité de structures de défaisance, comme cela s’était fait en 1999 pour les quatre grandes banques d’Etat ; une autre part de cette dette étant refinancée par des obligations—aujourd’hui interdites aux provinces…

Le bruit fut accueilli avec doutes:

[1] sur des montants si grands, il faut du temps, et une capacité de compromis transcendant les intérêts locaux.

[2] qui paiera ?

Si c’est la rue, le marché en pâtira. Si l’on touche aux PME, c’est l’industrie qui désinvestira. D’autre part, ce désendettement n’offre aucune garantie de briser ce cycle de dettes et de réemprunts pour des projets douteux. Victor Shih, économiste américain, voyait en 2009 la dette provinciale atteindre 3700MM$, la moitié du PIB… D’une certaine manière, c’est le crédit et la finance chinoise qui sont en échec et si rien n’est fait, la capacité du prochain pouvoir à changer la donne. Faute d’avoir disposé d’un terrain sain au départ !

 

 

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