Le voyage de Hu Jintao à Moscou (15-18/06) n’a pas suffi pour faire aboutir 10 ans de négociations gazières.
Entre le 1er marchand d’hydrocarbures et le 1er acheteur d’énergie de demain, il n’y eut pas accord. Vue la taille planétaire du deal, et pour faire fondre les préjugés séculaires entre ces deux cultures Ouest et Est, il faut bien tout ce temps. Entre Gazprom et CNPC (Compagnie Nationale Pétrolière), le contrat à long terme porterait à Shanghai (via le gazoduc de l’Altaï) 68MMm3/an- soit 60% de la consommation chinoise en 2010 (source BP).
Mais à quel prix ? La Russie est en position de force, vue la raréfaction des ressources énergétiques mondiales et le triplement programmé de la demande chinoise en gaz d’ici 2020. Après Fukushima, elle voit Berlin et Tokyo se détourner du nucléaire vers le gaz—son gaz, qu’elle leur vend à 350$/1000m3 fin 2011 et bientôt 500$, dès décembre. Mais Pékin allègue de sa position de 1er client en volume, de la concurrence du gaz kazakh ou birman, et fait miroiter sa possibilité de saupoudrer de russe sa filière nucléaire… à condition d’un tarif «beaucoup plus bas».
Pas d’accord donc, mais les partenaires entament sans attendre la construction du gazoduc de l’Altaï, opérationnel d’ici 2015. Depuis quelques mois, ils ont déjà l’oléoduc sibérien qui fournit à la Chine 15millions de tonnes/an (les projets sont de le tripler), et 12 millions de tonnes de charbon russe exporté cette année.
Leurs échanges en sont à 60MM$ cette année, qui feront 200MM$ en 2020 : la confiance est là.
Sommaire N° 23