A la loupe : FMI – Lagarde à Pékin, la méthode Coué

«Je suis comme je suis», répondit bourrue Chr. Lagarde, à une question sur son élégance « so French » -c’était à Pékin le 9/06, après son passage devant un genre de jury d’examen pour l’ex-poste de Dominique Strauss Kahn (DSK) à la tête du Fonds Monétaire International (FMI).

La ministre française des finances passait en Chine après le Brésil et l’Inde-les pays émergents, ceux qu’il faut convaincre. La Chine était bien sûr cruciale, 2de puissance économique mondiale, chef de file des pays émergents. 

Lagarde avait été reçue par Xie Xuren le ministre des finances, son «ami de longue date», Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la BPdC, le Vice 1er Wang Qishan (patron de l’économie) et Yang Jiechi le ministre des affaires étrangères. Lagarde se disait « très confiante », du fait du niveau auquel elle venait d’être entendue, de sa propre carrure, et d’atouts structurels qui la précédaient dans sa démarche.

[1] les années de coopération franco-chinoise sur la réforme du FMI, Paris s’étant ingénié à plaider au G8 les vues de la Chine, qui font de Lagarde la candidate la plus fiable pour Pékin, à savoir la plus rôdée à ses objectifs.

[2] Pékin sait qu’il lui manque encore des années pour accéder à ce poste du FMI, et n’est donc pas candidate.

[3] le prochain directeur du FMI devra s’atteler à l’épuration de la dette européenne, d’où la nécessité d’un directeur au profil adéquat. Or Christine Lagarde fait déjà l’unanimité parmi les 27 Pays Membres.

La Chine est convaincue de son intérêt à assister l’Europe, client dont les frontières se ferment à ses exports. Elle y a aussi intérêt, pour assurer ses réserves en ²uro, 630milliards$ (432 milliards ²), qui augmentent vite : depuis le crash bancaire américain de 2008, Pékin procède à une diversification discrète de ses avoirs en US$.

Sur les questions échangées, figurait le Yuan, question délicate. La Chine est divisée entre ses financiers (Banque centrale, Ministère des finances), d’accord pour réévaluer afin d’accéder au statut de devise puissante, et ses politiciens anxieux de conserver emplois et parts de marchés extérieurs -hostiles à une convertibilité immédiate. La ministre française s’est appliquée à concilier chèvre et chou par des formules du type «l’appréciation graduelle du ¥ est un mouvement positif», tout en promettant au FMI d’aider la Chine à «internationaliser» ce dernier -quand elle sera prête.

Lagarde a aussi promis pour Zhu Min, depuis février conseiller spécial de DSK, un poste de DG adjoint « avec des pouvoirs élargis, surtout dans la poursuite de la réforme» de l’institution.

A ce propos, elle a rappelé l’acquis, la hausse des quota parts et de droits de vote chinois dans le fonds de 4,1 % à 6,39%, et promis de faire plus, pour les émergents et pour elle, «dans le temps». Aux oreilles de Pékin, la promesse était douce-même s’il pense que le problème n°1 du FMI est moins le choix d’un directeur, que le droit de vote excessif réservé aux USA.

Lagarde a-t-elle pu convaincre ? D’une rondeur féline, un des interlocuteurs communiquait que la position chinoise allait maintenant être concertée avec les partenaires émergents. Face à cette candidature apparemment la plus sérieuse, Pékin aura su monnayer son influence. Ce qui ne sera pas forcément le cas de l’Inde que Lagarde quittait, nantie de la non assurance d’avoir sa voix. L’Inde se montrant plus franche, et la Chine plus adroite !

 

 

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