A la loupe : La Chine rouge… d’embarras

« Le climat d’affaires empire », témoigne un diplomate. « Nos firmes nationales multiplient leurs expression de souci face à des fraudes et pressions au bakchich ». Vérification faite, la tendance est bien là. Mais sans viser expressément l’étranger, elle dénote un climat universel.

[1] La face visible de l’iceberg est la sécurité alimentaire.

Le 26/04, Jixida (Chongqing) est surprise avec 26t de poudre de lait à la mélamine. Le 22/04 à Yulin (Shaanxi), 251 écoliers tombent malades au lait Mengniu. Suivent le riz au cadmium, la viande aux hormones (clenbuterol, ractopamine—risque d’arrêts cardiaques), les petits pains aux eaux usées, les pousses de soja à l’urée et au nitrite…

Tout cela ravive la méfiance de la presse, et des foyers, bien sûr: la perte de confiance dans la guidance publique. Refusant la thèse officielle qu’il s’agirait de «cas isolés», elle parle de fraudes systémiques et de sanctions trop indulgentes -une amende du décuple du chiffre de la fraude. En septembre, la peine capitale est ajoutée à l’éventail—mais sous des conditions floues, et dont les cadres sont exempts. Caixin, journal de Mme Hu Shuli dénonce l’inertie du ministère de la Santé, se retranchant derrière la police.

L’État n’est pourtant pas passif: 16 trafiquants d’hormones sont arrêtés (28/04) au Hunan à la tête d’un réseau sur 16 provinces. Entre Shanxi et Hebei, 14 trafiquants de mélamine prennent de la prison (29/04), six d’entre eux, entre 10 ans et la perpétuité. Mais le problème réside dans un cadre légal atomisé entre 40 textes et 300 instances de sécurité alimentaire: sur le terrain, nul n’est responsable. L’autoritarisme n’arrange rien: conscients des lourdes sanctions pesant sur qui va trop loin, les média ne réclament pas la liberté de la presse et l’autonomie de la justice, outils essentiels de la sécurité alimentaire ailleurs dans le monde : la Chine paie toujours plus cher, en définitive, la non-séparation du Parti et de l’État.

[2] Ailleurs, l’État semble plus disposé à bouger.

En piratage et contrefaçon, 480.000 boutiques et dépôts ont été visités depuis janvier, occasionnant la confiscation de 100.000 lots de matériel copié : livres, DVD, logiciels, aliments, semences, médicaments etc. Relancée la semaine passée par le vice 1er Wang Qishan, la campagne est d’une ampleur «sans précédent». Li Chenggang, directeur général du département Traités au ministère du commerce n’en rappelle pas moins que «contrefaçon et piratage restent courants, et la sensibilisation du public basse» – On n’en est qu’au début.

Variante de la contrefaçon: le faux étiquetage et la fausse promotion sont traqués, en lutte contre l’inflation. On se surprend de retrouver les plus grandes enseignes dans le lot – elles ont été taxées jusqu’à 500.000¥ l’infraction.

[3] Reste la face cachée de l’iceberg : la corruption du cadre, tel l’ex-maire de Shenzhen Xu Zongheng qui a acheté son poste en 2001, amortissant son investissement jusqu’en 2009, empochant jusqu’à 5M$.

Ce trafic des prébendes serait monnaie courante au sein du Département de l’Organisation du Parti communiste chinois. Xu aurait causé sa propre perte en tentant d’acheter le poste de secrétaire du Parti pour Shenzhen auprès d’un cadre suprême, qui l’aurait dénoncé à la Commission de Discipline du Parti. L’affaire fait désordre, alors que le Département doit renouveler toute la haute administration d’ici octobre 2012 : remue-ménage qui affecte toutes les carrières, et sans doute influence toutes les décisions politiques des 18 prochains mois !

 

 

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