Temps fort : 2010, année des silex sino-américains

Que la Maison Blanche présente au Congrès américain un contrat de ventes d’armes à Taiwan de 6,4 MM$ (30/01), a mis la Chine dans une colère noire. Elle a prévenu Barack Obama que la démarche n’irait pas sans rétorsions, diplomatiques ou commerciales.

La réaction a surpris par sa vivacité, voire son invraisemblance. Mettre les industries américaines de l’armement sur liste noire chinoise, causerait une plainte à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Préférer Airbus à Boeing, priverait Pékin de sa capacité de jouer le groupe européen contre l’américain dans ses négociations de prix, dont elle doit en acquérir 2800, d’ici 2030. La perte à terme, se chiffrerait en dizaines de milliards d’euros.

C’est un symptôme: au fil des années, les contentieux s’accumulent entre Chine et USA, promettant à Obama une année « du tigre » plus vraie que nature. Pékin confirme son projet d’envoyer des Taïkonautes sur la Lune, alors que la NASA, faute de fonds, abandonne l’idée. Il annonce ses visées sur l’Arctique, guignant ses ressources minérales et ses voies maritimes d’avenir : démontrant ainsi sa volonté de jouer dans la cour des grands.

Puis arriva Google, dénonçant un cas de hacking sophistiqué mi décembre contre son serveur chinois. Le groupe menaçait de renoncer au marché local, à moins d’obtenir le droit d’y fonctionner hors censure. Aux dernières nouvelles, Google semble vouloir rester, ouvrant sur internet un service de cartes routières interactives.

Un dernier litige est dans les langes : après des hésitations et un report, Obama recevra en février le Dalai Lama. Ici encore, Pékin déploie sa fureur. Mais il vient aussi de reprendre le dialogue, interrompu depuis novembre 2008, avec des émissaires du pontife lamaïste. Non pour normaliser avec les Tibétains de l’exil – les palabres du week-end dernier n’ont une fois de plus rien donné-, mais pour prévenir, à travers le monde, le reproche qu’il soit celui qui dit toujours non.

Disons le : la masse de litiges ne vient pas par hasard. La Chine vient désormais de passer seconde puissance industrielle et commerciale du monde. Elle n’est plus menacée par la faim ni la guerre civile. De nouveaux leaders de la « 6ème génération » apparaissent, qui reprendront les rênes du pays en 2012, à l’issue du mandat de Hu Jintao. Ce sont des technocrates universitaires formés dans un creuset ultra patriotique, de plus en plus impatients de voir la Chine retrouver un rang qu’elle avait il y a deux siècles, celui de la première nation du monde.

Vu sous cette perspective, les avertissements théâtraux aux Etats-Unis semblent servir une démarche «pédagogique» : celle de convaincre tout pays, puissant ou non, que l’empire du Milieu ne veut plus jouer selon les règles des autres, sur les dossiers qu’elle considère de son intérêt vital. Une démarche pas forcément agréable aux grands du moment, mais inévitable, dont le but est de les amener à lui faire de la place dans le jeu mondial.

Mais Obama promet (4/02) aux sénateurs de son Parti d’exercer à l’avenir sur la Chine une pression « beaucoup plus dure » sur le Yuan chinois, et Taiwan réclame désormais sous-marins et bombardiers F16… Décidément, l’an 2010 se promet plein d’étincelles, quelque soit la volonté de chacun des deux géants d’étouffer les litiges!

 

 

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