A la loupe : La course à l’internationalisation du business chinois

Ces trois nouvelles décrivent une tendance : celle de groupes étrangers de longue date en Chine, qui profitent de la récession pour s’implanter davantage, par acquisitions. Déjouant les pronostics d’années en arrière, le business chinois s’internationalise bel et bien…

[1] C’est en 2009 que Bain Capital (US) injectait 234M$ dans Gome, l’ex-n°1 de l’électroménager, dont le PDG Huang Guangyu purgeait une peine de 14 ans. Gome était depuis un an supplanté par Suning. L’arrivée de Bain ouvrait chez Gome une guerre de factions, Huang disputant au nouveau président Chen Xiao les rênes du pouvoir. Soudain en novembre, l’avocat et la soeur de Huang sont admis au Conseil d’administration. Gome, vent en poupe, ferait état de 1300 succursales fin 2010 et le rachat à 80% de la galerie virtuelle Coo8.com, pour en faire le N°1 de l’électronique et de l’électroménager sous quatre ans.

Que s’est-il passé? Avec 10% des parts de Gome, Bain ne pouvait plus espérer évincer Huang. D’autre part, ce conflit nuisait aux affaires : à +21,5% au 3ème trimestre, les ventes ralentissaient par rapport au 2d trimestre et à Suning. Surtout, un 3ème rival apparaissait : Media Markt China, JV de Media Saturn-Metro (Allemagne) et du géant Foxconn, prétendant ouvrir ensemble 1000 surfaces en trois ans. Il était temps d’enterrer la hache de guerre !

[2] GlaxoSmithKline, un des groupes pharmaceutiques mondiaux, rachète le concurrent MeiRui à Pagoda (îles Vierges UK) et Allergon (Suède) : pour 70M$, il enrichit son inventaire d’une série de produits et tests, tout en renforçant ses ventes chinoises. De même en novembre, Sanofi Aventis reprenait pour 520M$ BMP-Sunstone, le laboratoire des élixirs antitussifs pour enfants. Ces rachats aident la pharmacie chinoise à devenir 1er marché mondial d’ici 2015, supposé croître de 25%, à 50MM$ dès 2011.

[3] En rachetant pour 489M$ l’usine Feixiang de Zhangjiagang (Jiangsu), Rhodia se catapulte n°1 asiatique d’un marché de niche aussi ésotérique qu’incontournable: celui des « surfactants », chaîne chimique qui réduit la tension de surface dans les liquides, assurant ainsi une meilleure dispersion ou un étalement plus facile, avec des applications intéressantes en détergents, produits d’hygiène corporelle, l’agrochimie, la peinture et bien d’autres. Dans sa stratégie, Rhodia anticipe la demande chinoise en produits innovants, en automobile (celle du pneu « vert », aux silicates à haute performance, celle d’un composite de polyamide appelé à se substituer à l’acier ou à l’aluminium dans les voitures et les yachts). Son ambition : s’imposer comme le partenaire obligatoire en Chine à des métiers en plein essor comme cosmétique ou parfumerie.

C’est donc le 3ème investissement chinois de Rhodia dans l’année, succédant au gonflement de 33% de capacité à son usine de silicate de Qingdao (45M²) et au transfert de son usine de Wuxi vers sa nouvelle base industrielle de Zhenjiang (Jiangsu : 20M² d’investissement).

A Feixiang, l’investissement ne fait que commencer, l’usine de 650 employés étant fortement obsolète : Wang Weiyu, son manager estime à 25M² par an d’ici 2020 les besoins en modernisation. Mais grâce à cet effort, le groupe compte gonfler son EBITDA global de 25% d’ici 2015, à + d’1MM², ainsi que la part de la Chine dans ses ventes aujourd’hui de 10%, soit environ un tiers de sa performance en Asie-Pacifique.

 

 

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