Temps fort : Russie, Inde, Japon — les alliances revisitées…

Avec les voisins russe, indien et japonais, la Chine avance dans des sens différents qui sont intéressants à comparer, surtout au regard de leur évolution au fil des ans :

[1] Envers la Russie, c’est l’amour, contrastant avec la froideur des années 2000, quand Vladimir Poutine, Président de la Fédération, refusait d’ouvrir à la Chine, «pays concurrent», trois petits ports de Sibérie.

A Moscou, Wen Jiabao signe (22-24/11) 13 contrats pour 8,6MM$, y compris pour deux réacteurs nucléaires de 1000Mw à la centrale de Tianwan (Jiangsu), en sus des deux déjà en place. UC Rusal, fondeur d’aluminium rachète 33% de l’usine de Norinco à Shenzhen. Avec la banque Metropol, MCC (Chine) va développer, pour 1,33MM$, une mine de fer en Sibérie Orientale. Un fonds de 2MM$ se crée pour aider des projets communs. Seul reste un nuage : l’écart des attentes sur le prix du gaz russe, dont la Chine veut importer jusqu’à 70MMm3/an après 2015…

Le rapprochement le plus fort touche la monnaie. Renonçant au dollar, Wen et Poutine veulent des échanges en rouble et en yuan, au taux de 4,6711/1 (22/11 Shanghai), ouvrant ainsi la voie à une future nouvelle devise étalon. Manifestement, chez ces pays, la coopération par « realpolitik » a pris le pas sur des décennies de suspicion.

[2] Avec l’Inde, une phase intense de travail diplomatique est en cours.

Le 17/11, S.M. Krishna et N. Rao, les Ministre et Secrétaire des affaires étrangères préparent à Pékin la visite de Wen en décembre. Les 29-30/11, le conseiller d’Etat Dai Bingguo et S.S. Menon, Conseiller national à la défense vont tenir la 14ème ronde de fixation des 2000km de frontières communes. Fin octobre, Wen rencontrait M. Singh, son homologue pour affirmer que «la Terre était assez grande» pour les ambitions des deux nations.

Tous ces courants seraient prometteurs, s’ils n’étaient contrebalancés par des signaux adverses. Comme le renforcement de la défense en Arunachal indien revendiqué par la Chine sous le nom de « Sud-Tibet ». Delhi y déploie deux divisions mécanisées et 36.000 hommes, et de part et d’autre, routes et aéroports se construisent—pour pouvoir acheminer rapidement des renforts si nécessaires.

Autre litige : le barrage de Zangmu au Tibet (à 325km de Lhassa) sur la Yarlung Zangbo, mieux connu en Inde sous le nom de Brahmapoutre, fleuve sacré. A 3260m d’altitude, cet investissement de 1.2MM$ du groupe Huaneng produira 510Mw/an. Delhi craint que la Chine ne détourne l’eau pour l’irrigation. Pékin dément, tout en rappelant que Delhi a fait exactement de même sur la Chenab, au barrage de Baglihar, aux portes du Pakistan…

Enfin, les efforts diplomatiques en cours laissent présager qu’une percée convaincante sera réalisée pour prouver aux opinions la volonté des gouvernements de dépasser les préjugés comme cela semble le cas avec la Russie.

[3] Avec le Japon par contre, rien ne va plus. Les récentes rencontres entre 1ers ministres n’ont rien donné : les opinions des deux bords sont désormais trop tendues, suite aux imprudences respectives.

D’ici fin 2010, Tokyo doublera à 4000 ses soldats autour d’Okinawa, et surtout postera 100 soldats à Yonaguni à 330km des îles Senkaku/Diaoyu sous souveraineté nippone, devenues l’épicentre des revendications chinoises. Que cette militarisation des îles soit inacceptable à Pékin, ne fait dès aujourd’hui aucun doute.

Mais le parallélisme des réactions frappe : à 5000km de distance, Inde et Japon déploient des troupes, pour se protéger de revendications territoriales chinoises qui restaient encore largement tues 10 ans en arrière.

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
10 de Votes
Ecrire un commentaire