Editorial : Nouvelle Bible et vieux credo (monétaire)

Le 14/11, se déroula une page d’histoire en la Cathédrale St John de Hong Kong : théologiens catholiques et protestants, dont deux Chinois, « baptisèrent » la nouvelle Bible unitariste de Chine, destinée à relayer sa vieille soeur en place depuis 1919. Dès 1983, les exégètes de Taiwan et du Continent la retraduisaient de l’hébreu et du grec -dès 2000, ceux du Rocher en avaient entamé la révision.

Dans ce grand oeuvre, il fallut beaucoup de tolérance pour dépasser les différences dialectales ; intégrer les acquis des manuscrits de la Mer Morte ; rebâtir un texte en langage moderne, pour permettre aux églises un dialogue plus aisé avec les non-croyants.

Quoique le Parti communiste chinois ait de longue date validé la mise à jour, les églises n’en feront d’abord imprimer que 5000 exemplaires : les traditionalistes ont du mal à accepter ce relookage de « la parole de Dieu ».

Au reste, ces chrétiens chinois sont en pleine renaissance, comptant officiellement 23 millions d’adeptes (voire 2 à 3 fois plus, selon les Eglises). Leur entrée en religion est souvent récente (73% convertis après 1993), et surtout du fait des femmes (70%), plus prêtes à rallier la religion.

Enfin 5,7millions (25%) sont catholiques, les autres protestants-héritage de la puissance coloniale anglo-saxonne.

Dans ses rapports avec le régime athée, le christianisme vit des évolutions contradictoires. Avec le protestantisme, la détente s’esquisse. Pour le 60. anniversaire de son Association patriotique (29/09,) Du Qinglin, Vice-Président de la CCPPC (Conférence Consultative Politique du Peuple chinois) et chef du Front Uni , osa plaider pour son «indépendance», afin de tenir la promesse de son titre, de triple autonomie d’administration, de finance et d’évangélisation. Un tel discours officiel marque un tournant historique d’attitude : la tentation pour le régime de laisser les églises occuper librement leur domaine naturel, pouvoir spirituel et oeuvres sociales.

Mais avec le Pape, Pékin voit toujours rouge – peut-être du fait de l’association catholique patriotique de Liu Bainian qui fait la pluie et le beau temps sur le rapprochement, et n’y a nul intérêt. Le 20/11, pour la 1ère fois en quatre ans, un évêque était ordonné à Chengde (Hebei) sans l’accord de Benoît XVI, il s’agit du Père Joseph Guo Jincai.

—————

En un tout autre domaine, l’Etat s’inquiète de l’inflation. +4,4% en octobre, et +62% aux légumes : c’est insupportable. A qui mieux-mieux, commerçants et privés stockent huile, coton, maïs.

Face à ce climat nerveux, les mesures de la semaine passée (+25 points de taux d’intérêt, hausse des réserves bancaires) ne marchent pas. Aussi le 17/11, Wen Jiabao restaure le contrôle des prix sur farine, riz, huile, sucre et coton, décrète des ventes publiques de porc (62.400t), sucre (210.000t), offre aux cultivateurs sous serres, le charbon de chauffe, prépare subsides aux pauvres, sanctions aux accapareurs… Wen tente de prévenir l’approfondissement du fossé riches-pauvres, par la valse des étiquettes et la rémunération négative (-4%/an) de l’épargne par les banques, lesquelles font de belles marges : le système est caduc !

Mais l’Etat n’ose agir, paralysé par la peur de faillite de l’immobilier, des provinces et des grandes entreprises d’Etat. La nouvelle la plus perturbante est que dans sa lutte contre l’inflation, et s’attelant enfin sérieusement à l’arrêt de la surchauffe, l’Etat taille dans ses plus audacieuses réformes d’avenir. La libération progressive des prix de l’eau et de l’énergie est remise aux Calendes grecques, et l’effort de lutte anti-pollution freiné. Au XII. Plan, l’objectif de coupes d’émissions de CO2 baisse à -5% (contre —10% au XI. Plan), celle de la dioxine est maintenue à -10%.

Tout ceci, pour se concentrer sur ce qui compte : une inflation réduite à 3%/an, la croissance à 7%, un emprunt réduit de 12% (à 6600MM¥ l’an prochain)… Mais ces marche-arrière, confort momentané, risquent de se payer au prix fort à moyen terme, par la poursuite du gaspillage de l’énergie, faute d’incitatif, et celle de la dangereuse baisse de qualité de l’eau et de l’air chinois.

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
10 de Votes
Ecrire un commentaire