Temps fort : France / Chine—un ralliement bénéfique

Rien n’a été épargné entre Pékin et Paris, pour faire de la visite française du Président  Hu Jintao (4-6/11) un  succès : les cinq entrevues entre les chefs d’Etat en 45 heures, les 22,7MM$ de contrats offerts aux groupes français, l’escapade à Nice, l’absence de commentaire de la France sur le prix Nobel à Liu Xiaobo, sa faveur réitérée à la levée de l’embargo «ventes d’armes».

De plus au G20, qu’il présidera en 2011, N. Sarkozy assure d’éviter de «gêner les nations pour leur excédent commercial». Ce qui, concernant la Chine, va contre les intentions de Bruxelles, qui se promet, à Séoul le 12/11, de rappeler sans équivoque à la Chine sa demande de rehausser son yuan.

Une telle visite était demandée par Paris, et l’ambassadeur de France H. Ladsous y a consacré bien des efforts depuis des mois. Ce qui n’empêche l’impression que c’est Pékin qui a choisi son heure,  à quelques jours  du sommet intercontinental. Est-ce l’effet du hasard ou d’une soigneuse étude de cas, si les deux Etats européens visités par Hu sont parmi les plus fragilisés : la France sortant à peine de conflits sociaux ayant porté la cote de son président à son plus bas, et le Portugal (l’étape suivante), étant en faillite chronique, en grand besoin d’argent frais pour équilibrer ses comptes? On prête à Hu Jintao l’intention d’annoncer des achats de dette publique lusitanienne, qui permettraient opportunément de relâcher la pression. Ainsi, avant même Séoul, cette visite très médiatisée, et ses fruits, peuvent ébrécher la solidarité occidentale et en affaiblir l’offensive monétaire. Ce qui est de bonne guerre…

La moisson pour la France est belle. Airbus place 102 avions dont 66 en commandes nouvelles, pour 14MM$. 25 A320 vont à la chaîne de montage de Tianjin, les autres aux usines européennes du groupe et ses sous-traitants.

Areva élargit le spectre de la coopération. En amont, il assure à la Chine 20.000t de fourniture de combustible en 10 ans (3,5MM$) et la co-exploitation d’une mine nigérienne ; en aval, il prépare la construction d’un centre de retraitement et de fabrication de Mox (combustible). Or ce pas, jusqu’à hier, posait problème à la défense française, vu le risque de détournement par Pékin du plutonium résiduel, pour usage militaire. En outre, le contrat pour 2 réacteurs EPR (1600MW) d’une valeur de 8MM² serait imminent, et Sarkozy évoque l’entrée des deux pays dans une nouvelle phase de coopération nucléaire où ils produiront, voire exporteront, ensemble des réacteurs tel l’Acmea, de puissance moyenne.

Au passage, on ne voit pas bien l’intérêt d’Areva à partager ainsi son savoir-faire, ni celui de groupes chinois comme la CGNPC (China Guangdong Nuclear Power Corp) à partager ses marchés extérieurs…

Total qui, par ailleurs est sur le point d’obtenir le contrat d’exploitation du gisement gazier de Sulige, discute avec CPI pour une centrale de liquéfaction du charbon à 4MM$ dans la même province mongole.

Alcatel décroche pour 1,7MM$ de fournitures à China Telecom, China Mobile et China Unicom. Et comme les échanges bilatéraux atteignent 40MM$ cette année, Hu Jintao associe à sa manière l’Hexagone au XII. Plan quinquennal chinois, en lui fixant l’objectif de doubler le chiffre d’ici 2015 !

Autre succès pour N. Sarkozy : Hu Jntao a approuvé son projet de «refondation de la croissance mondiale, sur des bases plus saines», et de réforme du système monétaire, de la gouvernance globale et du contrôle des fluctuations des matières 1ères. En somme sous réserve d’inventaire, le ralliement, à vrai dire inéluctable, vu l’irrésistible ascension chinoise, en valait la peine !

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