Editorial : Yuan et XII. Plan -les mystères en cours

Vendredi 15/10, à Washington, alors qu’il devait enfin statuer si le ¥uan était «manipulé» (sous évalué), Barak Obama joue finement en reportant la décision après le G20 de Séoul (12/11) : il rend acte à la Chine d’efforts dans le bon sens (elle a déjà réévalué de 2% depuis septembre), mais note qu’elle « peut mieux faire ». Pékin est ainsi « encouragée» à poursuivre l’appréciation graduelle du Renminbi, les experts lui en prêtent l’intention, de +1 à 2% suivant les experts, d’ici la fin de l’année et 5 à 6% en 2011.

En tout état de cause, vu le mauvais état de la finance chinoise, son inflation quatre fois plus rapide qu’aux USA, ses 214MM² de prêts en cours dans les provinces, dont 26% probablement perdus et son influx de dépôts étrangers « chauds », embusqués dans l’attente d’une réévaluation, le chercheur Zhang Monan conclut que la Chine va bientôt devoir abandonner son autonomie en politique de prêts.

Depuis ce vendredi, pendant 4 jours, se tient à Pékin un des plus importants meetings de la décennie.

Dans le discret hôtel Jingxi, les 371 membres et suppléants du Comité Central négocient le futur XII. Plan quinquennal (2011-2015).

C’est Xi Jinping, le vice-président désigné pour remplacer Hu Jintao à la tête du pays en 2012, qui a été chargé de le rédiger. La rumeur dit que l’an dernier, Xi avait refusé la promotion. Sans les moyens de transformer cette société figée, il ne se sentait aucune chance de maintenir la stabilité. Sa condition absolue pour accepter, était qu’il établisse lui-même ce XII. Plan, programme de ses années de pouvoir : Xi semble avoir préparé un certain nombre de projets de rupture. Dans le jargon du Parti, on appelle cela une «croissance inclusive», signifiant une redistribution plus équitable de la richesse nationale : une couverture sociale pour tout le monde, l’accès au crédit pour les PME, les paysans, etc…

D’un tel changement social, la Chine a terriblement besoin après 20 ans passés sous ce régime hybride d’hyper libéralisme autoritaire. Elle l’exprime depuis le printemps par des dérapages inexplicables, vagues de violence, d’infanticides, de suicides. Aussi depuis juin, le premier ministre Wen Jiabao ne perd pas une occasion pour répéter la promesse de new deal.

Mais blasé, l’homme de la rue n’y croit plus. Et l’octroi du prix Nobel la semaine passée au dissident Liu Xiaobo n’a rien arrangé : l’opinion sait que la critique implicite de l’étranger au socialisme chinois a irrité la puissante aile conservatrice. La méfiance règne !

Pourtant, de ce que l’on peut déjà connaître de ce XII. Plan impublié, on voit bien apparaître un tournant.

Ses objectifs ne sont plus comme dans le dernier Plan un taux croissance aveugle, mais le choix de secteurs prioritaires (high tech, environnement) et de régions pauvres (Ouest, Nord) qui recevront les crédits. La volonté de tournant vers une croissance équitable se lit aussi à travers le projet d’une taxe foncière qui figure au Plan, limitée d’abord à quelques régions-test : taxe à la richesse et à la spéculation, qui devrait enrayer l’envolée du prix du sol et assurer aux municipalités un revenu stable. En définitive cette taxe supprimera – peut-être deux des sources de la corruption en Chine.

Il n’y aura pas que cela. On s’attend aussi, par exemple, à une réforme du droit foncier, ouvrant au paysan le choix d’emprunter sur ses Terres.

Toutes ces innovations, pour avoir une chance de réussir, devront être expliquées et graduelles, pour que ceux perdant leurs privilèges, ne s’y opposent pas, au nom de leur intérêt essentiel : celui de garder le pouvoir. Dès lundi soir, 18, le suspense sur le XII. Plan prendra fin : on y reviendra, pour faire le point.

 

 

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