A la loupe : Hydrocarbures—La Chine explore des mondes vierges

Alors que pointe la fin de l’ère de l’or noir à gogo, la Chine doit continuer à étancher sa soif d’hydrocarbures. Trois contrats cette semaine confirment l’image volontariste d’un pays aux ambitions  et aux moyens démesurés, qui se tourne vers des ressources hier négligées :

 

[1] Fondé à Hong Kong en 2009, expert en méthane de houillère (CBM), SinoOil&Gas va exploiter son gisement du triangle de l’Ordos, 462km² entre Shanxi et Shaanxi, acquis en juillet 2010 (70% des droits, les autres allant à la CNPC). Au prix d’achat de 300M$ s’ajouteront 375M$ d’investissements pour forer 170 puits horizontaux “en arête de poisson”, avec galeries ramifiées pour capter les 18 à 28MMm3 de réserves (non confirmées). Dès 2011, Sino Oil and Gas espère extraire 100 à 200Mm3.

Problème de cette technologie : sous le trépan, les galeries s’effondrent à travers la houille friable. Sur ce  site, Enron et Shell ont précédé Sino Oil and Gas sans trouver la rentabilité. Sino prétend alors réussir là où ils ont échoué.

L’enjeu est indiscutablement fort, la Chine disposant des 2èmes réserves mondiales de CBM, estimées à 37MMm3. De nombreuses autres poches sont en perce dans le Shanxi, accompagnées de projets de gazoducs. 

 

[2] Le 2d projet, Chesapeake en Oklahoma, rappelle fort l’affaire Unocal de 2005.

A l’époque Cnooc, monopole du pétrole off-shore tentait de racheter ce 7ème pétrolier américain pour 19MM$. Mais ce deal lancé au mauvais moment avait inquiété aux USA, craignant de réchauffer en son sein une concurrence future. Le Sénat avait torpillé le contrat- et en même temps, le mythe de la liberté commerciale en Amérique.

Aujourd’hui Cnooc prétend reprendre un tiers de Chesapeake aux 2400km² de bancs d’argile schisteux riche en hydrocarbures. Cnooc verserait 2,14MM$ qui accéléreraient l’exploitation et créeraient des milliers d’emplois locaux. Mais les Etats-Unis se méfient : ces hydrocarbures n’étant pas exportables, quel serait l’intérêt de Cnooc, sinon acquérir la technologie, pour exploiter ensuite les 25000 MMm3 de gaz séquestrés en argile schisteux en Chine?

En fait, Cnooc pourrait avoir d’autres motivations, protéger son épargne par exemple. Enfin, en dépit d’une opinion américaine négative en cette période électorale, la presse des deux pays croit que l’organe américain responsable donnera son aval. Tant Obama  reconnaît l’urgence de l’alliance avec la Chine !

 

[3] La France aura du mal à passer pour un pays exportateur de pétrole.

C’est pourtant ce qu’elle s’apprête à devenir par l’entremise du groupe GDF-Suez, après avoir reçu sa 1ere commande de Cnooc, de 2,6Mt de GNL provenant de ses gisements exploités à travers le monde: 2,6Mt (soit 44 tankers) de 2013 à 2016, pour alimenter les trois terminaux du groupe (Huizhou, Qingdao, Shanghai). 

C’est un pas important, pour ce concurrent de Total voire d’EDF, qui ambitionne de compléter son activité environnementale, fief de Suez (recyclage de l’eau, des déchets), par celle de fournisseur d’énergie, fief de GDF…

 

 

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