A Tianjin, 3000 experts mondiaux, négociaient du 4 au 9/10, le traité sous l’égide de l’UNFCCC (United Nations Framework Convention on Climate Change), à soumettre à Cancun (Mexique) du 29 novembre au 10 décembre prochains, pour limiter à 2°C le réchauffement climatique moyennant un plafond des émissions de CO2 à 40MMt/an d’ici 2050.
Or, ce sommet s’est achevé en échec, les 190 parties n’ayant su dépasser la dissension de décembre 2010 à Copenhague. Par la faute de la Chine et des USA en permanente bisbille, empêchant toute solution de compromis.
J. Pershing, chef de la délégation US accusa ses homologues Su Wei et Xie Zhenhua de vouloir «renégocier l’acquis de Copenhague», mais ces derniers pointèrent du doigt l’« échec » des Etats-Unis, dans leur prétention à piloter la planète verte. Chose d’autant plus facile à faire, que le Congrès américain, depuis Copenhague, n’a toujours pas voté la timide loi climatique d’Obama – laquelle se contente de prévoir un plafond d’émissions à peu près au niveau actuel. Pire, sur les 30MM$ promis aux pays en voie de développement d’ici 2012 par les pays riches, rien n’est venu, et une partie de ces crédits est soupçonnée d’émaner d’aides anciennes.
Face à cet apparent manque d’ardeur du Nord à assumer ses devoirs, les pays du Sud expriment leur manque de confiance, et la Chine joue l’intransigeance, forte de la crédibilité des actions entreprises sur son sol : rien qu’en 2009, elle a investi 34MM$ en énergies renouvelables, presque le double des USA, et déploie partout ses TGV (1er réseau mondial) et «éco-cités».
Bizarrement Su Wei affirme qu’entre Chine et USA, « la coopération climatique va très bien » : propos que l’on peut lire de plusieurs manières. Car vue de l’extérieur, leur guéguerre, en paralysant toute discipline mondiale, préserve leur liberté d’émissions, lesquelles entre les deux géants, frisent 50% du total dans l’atmosphère.
Durant ces six jours, la Chine intéressée à protéger sa liberté industrielle, fit du blocage.
Elle bloqua le projet de quotas contraignants pour les nations, y compris par secteur, en transports maritimes par exemple. Elle refusa toute distinction entre pays pauvres et émergents, ce qui permettrait d’imposer des quotas à ces derniers. Elle bloqua comme « prématurée » la rédaction d’une liste des « tâches à faire » avant Cancun, et refusa de se compter parmi les donneurs au fonds pour les pays démunis…
Dans ce climat tendu, les modérés se retrouvèrent marginalisés. L’Union Européenne ne « comprenait pas » cette stratégie contraire aux intérêts des populations. Le Japon prévint que faute d’un accord intégrant les deux grands pollueurs, il se retirerait de la convention de Kyoto, dont les pays signataires, ne contrôlent que 28% du CO2 mondial, et « de moins en moins à l’avenir »…
Entretemps (7-9/10) à Pékin, à l’observatoire de l’ambassade US (iphone.bjair.info/), l’air restait en classe rouge, « dangereux ». De même selon une étude du WWF (World Wild Fund for Nature), la Terre franchirait dès 2020 de 20% le plafond des 40MMt visé pour 2050. Autant de signaux pour la Chine, qui pourraient l’inspirer à changer vers plus d’engagement…
Mais pas tout de suite. La Chine, sur ce dossier, ne bougera pas avant les Etats-Unis, qui portent désormais sur leur dos une écrasante responsabilité : l’avenir de la coopération climatique !
Sommaire N° 32