Vinexpo-Asia-Pacific 2010 vient d’achever sa 6ième édition à Hong Kong (25-27/05), confirmant son rôle majeur sur ce marché de l’ébriété asiatique, comme salon de référence. Par rapport à l’édition de 2008, il a réuni 12000 caves, acheteurs et marchands de vin soit 40% de mieux, et organisé une dégustation, ou un séminaire, ou une « master class » par heure, parmi les 880 exposants venus de 32 pays, dont (pour n’en citer qu’un), la cave californienne Francis Ford Coppola.
Avec une demande en hausse quatre fois plus vive qu’ailleurs, l’Asie Pacifique est la terre promise des vins et spiritueux dont elle absorbe désormais (dit Vinexpo) 50,6%. Venant en 2009 de dépasser les USA comme 1er importateur de Bordeaux (20M bouteilles), la Chine consommera cette année une bouteille par couple (700M), et une par habitant dès 2013. Elle choisit ses vins selon sa culture: 88% en vin rouge (symbole de mariage, vie et joie, par opposition au blanc, couleur traditionnelle du décès).
Avec 1million de tonnes produites annuellement, la Chine est loin de combler ses besoins. Les invests vont bon train chez des groupes tels Changyu, Grace ou DragonSeal – malheureusement parfois freinés par une gestion étati-que et un déficit en savoir-faire et en qualité. Le vin importé reste très minoritaire, mais progresse à +65% par an, voué à atteindre 17M de caisses sous trois ans.
Mais ici aussi, les leçons s’apprennent vite : à Vinexpo comme au SIAL de Shanghai un peu plus tôt, les acheteurs goûtent d’abord (et savent donc le faire), avant de s’enquérir des prix. Très conscients de leur rôle de leaders mondiaux des ventes, ces professionnels travaillent pour les restaurants, supermarchés, chaînes de vin fin et de plus en plus pour des fonds de spéculateurs qui tapent dans la récolte de Bordeaux 2009, année exceptionnelle : une quinzaine de 1ers crus les intéressent (Latour, Margaux, Haut Brion etc) à l’exclusion de tout le reste.
Côté Chine, on constate l’effort de groupes comme Dynasty (Tianjin), JV à 27% de Remy-Cointreau pour augmenter volume et qualité, de 70.000 à 100.000t d’ici 2013, mais aussi pour reprendre des vignobles mondiaux (Australie, Nouvelle Zélande, Chili, France) et en exporter la production : Dynasty annonce une cagnotte d’1MM¥ de réserves pour ce genre d’emplettes.
Une découverte de l’année aura été Silver Heights, bien de deux hectares dans le Ningxia, de la jeune maître de chais Emma Gao Yuan, épouse d’un viticulteur français (Thierry Courtade, Château Calon Ségur). Cette diplômée de l’institut d’oenologie de Bordeaux assure avec ses parents une minuscule production (6000 bouteilles), acclamée par tous les taste-vins du Rocher. Reste bien sûr aussi à attendre la sortie du DBR Château Lafite, médité depuis des années par l’oenologue Gérard Colin, sur la presque-île de Penglai -Shandong : autre étape d’avenir, d’une histoire du vin chinois encore dans les langes.
Sommaire N° 20