Face à l’Afrique et au Monde Arabe, il n’est pas d’affaires trop risquées pour rebuter la Chine : l’acceptation du risque semblant être toujours plus la règle chinoise dans les échanges avec ces mondes.
Le Nigeria, grand pays (132M habitants en 2006), dort sur un lac de pétrole (36MMbarils prouvé, 6ème réserve mondiale), mais forcé d’importer son carburant (10MM$/an) faute de raffineries fonctionnelles. L’Ouest voit deux raisons à ne pas l’équiper : son insolvabilité, et ses propres profits en raffinant pour lui. Or, voilà que la CSCEC (China State Construction Engineering Corp) discute avec lui (14/05) de trois raffineries d’une capacité de 0,75M b/j, 40% de plus que les besoins (l’excédent sera exporté), et un complexe pétrochimique, le tout pour 23MM$ payés par la Chine. En commerce conventionnel, le deal n’a pas de sens : la Cnooc (China National Off-shore Oil Corp) tente depuis des années de racheter jusqu’à 15% des réserves du pays…
Mais depuis 2008, aucun pays producteur ne vend plus ses puits. En ces temps de fin annoncée du pétrole (d’épuisement sous quelques décennies), les producteurs gardent leur manne, pour l’écouler au cours du jour qui monte sans cesse. Or la Chine, avec ses réserves en devises et ses industries du pétrole, peut se permettre – elle est peut-être la seule – d’offrir au Nigeria d’avancer les frais de son réseau de raffinage, ou du moins, de prétendre le faire. La question se posera, comment rembourser. Les conditions de rêve proposées par la Chine, pourraient lui permettre d’obtenir cette concession exorbitante, anachronique pour tout autre joueur, d’une cession de puits, mettant la Chine à l’abri des hausses vertigineuses sur les hydrocarbures à l’avenir. NB : Abuja envisage de céder à Cnooc une part de son patrimoine propre, et non des concessions étrangères. Se mettre sous la coupe d’un seul exploitant chinois, pouvant apparaître risqué, et maladroit vu les répercussions d’un tel coup de force auprès des nations occidentales, USA en tête, risquant de ne pas se laisser faire.
Le contrat (bien réel, celui-là) que vient de remporter Cnooc en Irak, illustre la nouvelle donne. Avec TPAO (Turquie, 11%) et un groupe d’Etat irakien (25%), Cnooc devient l’opérateur du gisement de Missan, dont il portera en six ans le débit de 100.000 à 450.000b/j. L’Irak propriétaire versera des royalties de 2,3$ par baril extrait..
Enfin, l’appétit de la Chine pour Afrique et monde arabe se vérifie lors du Forum Sino-Arabe de Tianjin (14/05) en présence des chefs d’Etat, doté d’un plan d’actions sur deux ans, et d’une promesse de « partenariat stratégique ».
On voit aussi, cette semaine, la Chine confirmer le don à Alger d’un Opéra construit pour 30M$. Au Congo, le groupe Zijin, n°1 chinois de l’extraction d’or, va racheter conjointement avec le Fonds Sino-Africain de Développement Platmin Congo le groupe de cuivre, pour 284M$. On voit aussi Jia Qinglin, Président de la CCPPC (Conférence Consultative Politique du Peuple chinois) en Afrique du Sud et Yang Jiechi, le Ministre des Affaires étrangères en Tunisie…
Décidément, sur ces deux régions du monde, les ambitions de la Chine, et ses moyens semblent sans limites !
Sommaire N° 19