Temps fort : De Pékin à Cancun—l’introuvable accord climatique

En décembre 2009, le sommet mondial de Copenhague avait été la scène d’une déprimante cacophonie, pays et blocs se trouvant paralysés sous le lobbysme des USA et de la Chine, 1ers émetteurs de gaz à effets de serre (GES), déterminés à prolonger leur liberté de polluer. Cinq mois après ce fracassant échec, le débat reprend cahin-caha : pour préparer le sommet de Cancun (Mexique), 2d essai de produire un plan commun de lutte anti- réchauffement climatique, en remplacement du protocole de Kyoto. En 15 jours, 3 meetings ont eu lieu (25-26/04 Afrique du Sud ; 30/04 Petersberg ; et dernièrement, 8-9/05 Pékin). Ce dernier rassembla 20 ministres de l’environnement des cinq continents : vu les profondes divergences enregistrées, Pékin ne put que constater la faible vraisemblance d’un rapprochement d’ici novembre 2010.

En clair : rien n’a changé ou presque. Bloqués par leur Sénat et leur besoin de lier toutes leurs réformes les unes aux autres (santé, climat, finances), les Etats-Unis n’ont pas voté leur loi climatique qui encouragerait fiscalement leurs coupes d’émissions. Dans ces conditions, Pékin qui garde son réflexe historique de cavalier seul, ne voit pas le besoin de bouger. D’autant que sa liberté de polluer vient de la porter en 2009 au second rang industriel mondial, par son avantage de production « sale et pas chère », et la croissance vertigineuse de ses conglomérats.

Si Pékin bloque sur le but de coupes nationales des gaz à effet de serre, c’est aussi car au 1er trimestre pour la première fois, ses rejets ré-augmentent (+3,2%). Le 5/05, Wen Jiabao a averti les provinces et exigé le respect de l’objectif d’une baisse de 20% (base 2005) de l’intensité énergétique. Pour certains d’ailleurs, le meeting de Pékin aurait été tenu moins pour l’étranger que pour éduquer les provinces, et par ses efforts contre la surchauffe (+11,2% au 1er trimestre), il espérerait abattre deux pigeons d’une seule pierre : enrayer autant l’explosion de la bulle et ce dérapage écologique…

A défaut de plan mondial à Cancun, les pays espèrent y recréer la confiance, trouver des accords partiels, telle la gestion du fonds de 100MM$ promis aux pays pauvres. L’accord final viendrait en 2011 au Cap (Afrique du Sud).

L’embellie débute avec l’Union Européenne le 30/04 à Pékin, José Barroso, Président de la Commission lance avec Wen Jiabao un Centre commun des Énergies propres hébergé par l’université Tsinghua (la pépinière de leaders), voué à la recherche et aux transferts technologiques. Doté de 12M² pour débuter, il étudiera des filières de charbon propre, de biofuels durables, d’énergies renouvelables, d’optimisation de l’efficacité énergétique et des réseaux de distribution. A cette occasion, la Chine a salué le rôle de l’Europe qui lui avait livré 30.000 technologies «bas carbone» fin 2009, face aux 10.000 livrées par les USA et le Japon.

Enfin dit l’institut américain Pew, la Chine est passée 1er investisseur mondial en énergies propres avec 34,6MM$, loin devant les USA (18,6MM$). En terme de puissance installée, elle est seconde, talonnant les USA avec 53,4GW. A présent, voir ses provinces retomber dans leurs mauvaises habitudes, porte Pékin à accélérer les préparatifs sous le XII. Plan (2011-15) pour une taxe carbone aux industries, villes et agriculteurs. Chercheur à l’institut énergétique de la NDRC (National Development and Reform Commission), Jiang Kejun le prophétise, ainsi qu’un régime d’aides fiscales à la R&D en technologies à bas carbone : comme si la Chine s’efforçait, en lutte climatique, de faire toujours plus vite et fort—à condition de le faire en cavalier seul, sans les autres nations !

 

 

 

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