Dans l’épidémie d’assassinats frappant les écoles, on ne sait ce qui l’emporte, le triste ou le bizarre.
Le mécanisme ressemble à celui des suicides en avalanche, sauf qu’ici ce sont des enfants que l’on tue. En 40 jours, 5 crimes ont eu lieu, de Weifang (Shandong) à Leizhou (Guangdong), un ou plusieurs hommes massacrant des mômes au couteau ou au marteau. Au moins 13 morts, des blessés par dizaines. Les assassins sont parfois des intellectuels – un docteur, un professeur. La vague se poursuit par deux essais de chantage d’escrocs ou d’affabulateurs à Wuxi (Jiangsu), arrêtés… Tous ont « copié » sur le 1er crime, celui de Nanping (Fujian, 8 morts).
Pourquoi? La question taraude le pays en examen de conscience. Par désespoir, plus que par vengeance: c’est à l’humanité plus qu’à la société que l’on s’en prend. Yu Jianrong, sociologue, parle de folie et crise psychologique de masse. Comme dans le cas du suicide, pour expliquer la série de crime, on pourra sans doute détecter non pas une, mais des causes multiples, parmi lesquelles l’aliénation et le refus de l’avenir tel que tracé par le régime.
‘ Partout, ces attentats suscitent la peur : on exécute le premier tueur, on ordonne de tirer à vue, on garde les écoles… L’opinion réclame plus de sévérité, sans se rendre compte que la tension sociale est peut-être à l’origine du problème.
Certains analystes voient dans ce drame l’occasion de découvrir l’impasse de cette société à son stade de développement, avec trop d’autorité et pas assez de citoyenneté.
Sommaire N° 17