Petit Peuple : Shijiazhuang – splendeurs et misères d’une courtisane

En ces temps de plenum, l’histoire sordide de Wang Yali passionne, quoique pleine de flou artistique selon les média qui la relatent. C’est qu’en coulisses se battent deux factions, l’une pour la couler et l’autre la défendre: on conçoit que pour sa carrière, le journaliste y regarde à deux fois, entre la croustillante histoire à raconter, et la peur de se trouver entre faucille et marteau: le portrait de la femme reste occulté derrière ces luttes d’influence.

Ce qui est sûr: Wang Yali est née en 1969 à Wuji près de Shijiazhuang (capitale du Hebei), sous le nom de Ding Zhengxing, fille de pauvres fermiers. Puis à 20 ans, la fleur de province est montée à la ville, avec pour tout pécule un faible bagage scolaire mais en revanche une beauté à couper le souffle et la rage de s’arracher à une enfance de misère Elle se fit vite remarquer de Wang Bopan, chevalier d’industrie qui la tira du ruisseau pour en faire sa « ertaitai », 2ème épouse.

Durant 7 ans, la liaison lui fut immensément profitable. Pas sotte, elle apprit vite, au contact des relations de Bopan dans le club très fermé des apparatchiks de la province. Quand la liaison éclata en 1997, Yali elle faisait déjà partie de ce cercle exclusif, et sure de son ascendant sur ces hommes de pouvoir, n’avait plus besoin de papa-gâteau. Elle était désormais maîtresse, non plus d’un seul homme, mais de tous à la fois—et de son propre corps.

Depuis un an en fait, elle avait Wang Zhifeng, grand patron du bureau municipal de la circulation, où elle fut employée jusqu’en 2001. Elle avait aussi Zhang Zhengjiang, vice-Président du parlement local qui la fit entrer successivement au Parti, à la CCPPC (assemblée consultative) locale et surtout dès 1999 à la Ligue de la jeunesse, tremplin de toute carrière sérieuse en ce pays : voilà Yali lancée, brûlant les étapes et les hommes au passage.

En mars 2007, au grand moment des chaises musicales des promotions à travers le pays, c’est son apogée: elle est nommée n°2 de la Ligue (« plus jeune dirigeant au plan national », disait la presse d’alors), n°2 de la CCPPC et voyait se profiler la charge de vice-maire – à 38 ans seulement : belle revanche pour le sexe «faible», dans ce monde d’hommes !

Mais plus dure sera la chute, d’ autant plus cuisante que ce n’est qu’à elle seule qu’elle la devra, suite à une lourde erreur. Quand en août ’08 décède Bo-pan d’un arrêt cardiaque (son ex amant au prénom prémonitoire de « assiette cassée »), Yali débarqua au funérarium avec une escouade de 20 policiers pour essayer de contraindre les héritiers à accepter une autopsie, les accusant d’empoisonnement. Non sans toupet, elle-même se revendiquait fille «unique» du défunt, pour empocher les 65M$ d’héritage. Elle était présomptueuse. Elle savait dominer les hommes, mais pas les femmes: Cuimian, fille de Bopan se défendit pied à pied. D’abord, pas d’autopsie, et la ridicule accusation de poison tomba d’elle-même. Puis Cuimian déterra un témoignage lourd: en 1997, au coffre de son père, Yali aurait «fauché» 1,1M$ de cash, indélicatesse qui aurait été la cause de la rupture. Surtout, pour entrer à la Ligue, elle aurait falsifié son CV, se rajeunissant de 9 ans, avançant des états de service de soldat et pharmacienne militaire, à l’âge tendre de 12 ans. Le faux nom apparut aussi, modifié pour usurper l’héritage…

Entre ces femmes, c’est la lutte à mort. Cuimian dénonce Yali auprès de la Commission de la discipline, la police du Parti, jusqu’à Pékin, accusant le Bureau du Commerce d’avoir «égaré» le certificat d’enregistrement de Jinhua, la compagnie de son père : Qi Zhigang, n°2 du Bureau a à son tour succombé aux charmes de Yali. D’abord divisée, la Commission finit par admettre les faits.

Dès juin 1909, Yali aux abois est réduite à se battre pour sauver sa tête. Il lui reste un atout: si elle saute, c’est tout Shijiazhuang qui saute. Et là, la chance change de camp: pour valider sa guerre contre la corruption, Pékin a besoin d’un nettoyage en province, d’un cas assez probant pour impressionner, mais sans trop faire de casse. Dès lors, en janv.2010, la Commission nationale de discipline débarque à Shijiazhuang et parvient à convaincrai la mairie de lâcher sa protégée. Convaincue de fraude et usurpation, Yali est transmis à la justice ordinaire.

C’est le hallali. Désespérément, elle s’abrite derrière la prétention que Bopan serait son père biologique – mais une analyse d’ADN d’elle-même et de Cuimian devrait très bientôt briser ce dernier rempart et «soulevant la robe, dévoiler la queue du renard» (狐狸尾巴 húli wěi ba) : exposer au monde la noirceur de son âme !

 

 

 

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