A la loupe : Minerai de fer—la Maldonne

Les palabres mondiales du prix du minerai de fer ont débuté. Premier importateur, la Chine sidérurgique a le moral bas, comme l’avoue à l’Assemblée nationale populaire (ANP) Deng Qilin, Président de Wuhan Steel (n°3 national, 30Mt en 2009) et de la CISA (le lobby sidérurgique chinois): «ce sont les fournisseurs qui imposent les prix. Mais nous ne pouvons pas accepter un minerai plus cher à la tonne, que l’acier » !

C’est pourtant ce qui s’annonce. Trustant 80% de l’offre mondiale, BHP-Billiton, Rio Tinto et Vale s’apprêtent à forcer un prix-contrat en hausse de +50%. On découvre alors un système chinois qui, après avoir offert à sa sidérurgie des décennies en or, la met soudain en position faible, du fait de son incapacité à s’autoréguler.

En ’09, les producteurs ont importé 628Mt de minerai (+42%, 50% du marché mondial), et produit 568Mt d’acier, dont 90Mt excédentaires financés par les milliards du stimulus public, faisant chuter les prix. Ils ont commandé 58Mt de capacités supplémentaires, dont les aciéries de Zhanjiang (Canton, au shanghaïen Baosteel) et de Fangcheng (Guangxi, à Wuhan Steel).

Depuis des années, la tutelle du MIIT (Ministère des Industries et des technologies de l’Information) tente d’imposer un plan de concentration, dès 2010, les dix majors auraient dû concentrer 50% de la coulée nationale. C’est compter sans les provinces qui résistent, pour protéger leurs emplois et qui aident leurs groupes à garder leur indépendance. Shagang, groupe privé du Jiangsu évite le mariage avec Baosteel. Anyang (Henan) résiste à Anshan (Liaoning) -même si ces groupes signent, comme pour gagner du temps, des déclarations d’intention avec leurs partenaires imposés. La vérité est que cette année en valeur, les contrats de fusion-acquisition ont baissé de plus de 50%.

Dernier élément de l’équation perdante, l’aciérie chinoise tente depuis des années, en vain de briser le cartel des fournisseurs. En 2009, elle refusait un prix-contrat en baisse de 30% (elle espérait une ristourne encore meilleure). Résultat, elle a dû acheter au marché libre, au prix fort, 142$/t, contre les 70$/t payés par Japon et Corée. Et comme on a vu, elle veut cette année encore rejeter ce système de prix, mais sans aucun levier pour réussir…

D’autres tentatives de solution apparaissent, telles :

[1] la fermeture annoncée par le MIIT de 16Mt de capacités obsolètes dans l’année,

[2] la demande des aciéries du Hebei de créer une société-holding d’achats groupés pour 16 grands hauts-fourneaux du pays et,

[3] les tentatives d’achats de mines hors Chine par les aciéries. Mais vu les hausses en flèche attendues en 2010, de production (600Mt) et des invendus, la seule solution qui demeure pour dompter la locomotive folle, semble la régulation par les prix mondiaux… du minerai !

La campagne chinoise contre le cartel semblerait malgré tout avoir un fruit : la refonte du mécanisme de fixation du cours mondial. BHP annonce un nouveau système de prix pour le charbon à coke, basé sur les tendances à court terme, qui vient de permettre la signature de contrats avec Europe, Chine, Inde et Japon. Système qui pourrait être bientôt étendu au minerai de fer. La Chine aurait pourtant tort d’en rêver un mieux-être tarifaire : le « cru » 2010, en charbon à coke, vaudra 200$/t, +55% !

 

 

 

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