Editorial : ANP—un PLENUM de passions, et de contradictions

La 3e session de la 11e Assemblée nationale populaire (ANP) et de sa soeur CCPPC s’est achevée (14/03) en une atmosphère inédite : alternant scènes de défi et retours de flamme grondeurs, ce qui suggère déjà, deux ans à l’avance, une fin de règne !

Contestation: à la CCPPC (la plus audacieuse des 2 enceintes), Hu Zhibin élu du Xinjiang, a osé affirmer l’échec de 20 ans d’action publique en sa province. Ding Weiyue, médecin, a reproché aux instances de l’avoir élu à son insu. Puis le 7/03 en conférence de presse, confronté à une question gênante, Li Hongzhong, gouverneur du Hunan fit confisquer par ses gardes l’enregistreur d’une reporter au Quotidien du Peuple, l’organe du Parti. Mais l’affaire fit scandale: la veille de clôture, 210 journalistes et édiles réclamaient par lettre le limogeage du cadre. Enfin, le 7/03 Pékin sévissait contre un pamphlet publié par 13 quotidiens, qui réclamait l’abolition du hukou, permis de résidence discriminatoire: l’auteur, éditeur à l’Economic Observer était mis à pied pour son audace. Tout ceci est nouveau et révèle l’existence d’un conflit ouvert entre la presse et l’aile conservatrice de l’appareil !

Un autre intérêt du Plenum était d’évaluer les candidats leaders à la législature de 2012. Tel Bo Xilai, Secrétaire du Parti à Chongqing depuis 2007, écarté depuis par Pékin pour laisser le champ libre à la sélection officielle qui est un compromis entre Hu Jintao et ses adversaires: Xi Jinping (candi-dat-Président, l’homme du Bureau politique) et Li Keqiang (candidat-1er ministre, l’homme de Hu).

Or au Plenum, Bo s’est imposé en star, ovationné par la presse comme le casseur des triades et l’homme intègre et capable, en train de briser à Chongqing la spirale de misère, après l’avoir fait pour le Dongbei 10 ans en arrière. Pour la presse étrangère, les bains de foule du leader provincial signent le pari d’une course solitaire au pouvoir, défaisant les plans de succession de la camarilla de Zhong Nan Hai.

Le concept est séduisant. Avec à Pékin une coalition de vieux rivaux, Bo devrait voir en 2012 sa carrière frappée de «limite d’âge» (62 ans) – sauf à franchir le Rubicon du plébiscite populaire. Toutefois dans le passé, toutes les tentatives de ce type (Zhao Ziyang, Qiaoshi) se sont brisées au mur de vigilance d’un appareil toujours sur le qui-vive. Aussi, à l’ANP, sur les chances de Bo, les deux dernières nouvelles semblent se contredire: le vice maire de Chongqing avoue qu’une partie des 1,3M de paysans déplacés lors de l’érection du barrage des 3 Gorges, sont retournés sur leur habitat d’origine (constat d’échec). Mais d’autre part, Chongqing reçoit la 1ère zone hors taxe de l’intérieur du pays, la mettant à pied d’égalité des ZES de la côte : succès personnel pour Bo…

Enfin parlant d’émancipation des édiles de la nation, l’ultime surprise survient sur le dossier qu’on n’attendait pas : celui de l’environnement.

Le ministre Xie Zhenhua admet que «des pays» aient à se plaindre du deal obtenu en décembre au sommet climatique mondial, et exhorte à «apprendre de Copenhague» et à négocier avec plus de transparence à l’avenir. Disant les hauts espoirs de la Chine» d’un meilleur accord à Cancun (Mexique) en décembre, il annonce un renforcement prochain du plan d’économies d’énergie, afin d’assurer l’objectif de -20% sur 5 ans d’ici décembre. On note encore sur ce sujet, beaucoup de franc-parler, comme celui de Miao Wei, vice-ministre du MIIT (Ministère des Industries et des technologies de l’Information), décrivant l’immense plan chinois de centrales éoliennes («20 GW d’ici 2020, moyennant 12MM² d’investissement») comme un échec en puissance. Sec et chargé de sable, le vent chinois serait inadapté à cette technologie… C’est ainsi que ce dossier très sensible ouvre un débat vif et contradictoire, enfin affranchi des contraintes de l’idéologie.

 

 

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