La 1ère palabre sino-américaine de préparation de la ronde de l’ONU sur le Réchauffement global (le «Cop-15», à Copenhague en décembre) vient de se tenir à Washington. Li Gao, directeur du «réchauffement climatique» à la NDRC (la super agence économique) avance une exigence maximale : c’est aux pays importateurs des produits chinois, d’assumer leurs émissions chinoises de CO². Et gare au « désastre », si le Sénat US s’avisait de taxer les exports chinois produits en dehors des règles globales de limitation des gaz à effet de serre. Autrement dit, après avoir joui de 17 ans de droit de pollution illimitée sous le protocole de Kyoto, Pékin, par la voix de Li Gao, feint d’exiger un second sursis !
Voix inquiétante donc. Mais le 17/03, toujours à Washington, Xie Zhenhua, chef de la cellule interministérielle anti-réchauffement, annonce que Pékin s’apprêterait à accepter des quotas contraignants. Les grandes nations pollueuses, dit-il, sont d’accord sur le long terme: «la vraie difficulté, est de nous entendre sur les étapes intermédiaires». Son seul souci est que pour l’heure, les USA d’Obama n’ont encore rien promis : aussi, la Chine, selon Xie, ne montrera ses cartes qu’après les autres! Xie touche un point juste: à ce jour, seule l’Union Européenne a fixé ses offres de quotas – mais non ses aides au Tiers Monde, en échange de leur coopération climatique. Pour les USA, Obama a évoqué des objectifs, mais sans engagements fermes. Et la Chine n’offre pour l’heure, d’ici 2020 qu’une baisse «volontaire» de son «intensité énergétique» de passer à 15% de son énergie, en « renouvelables », non fossiles.
D’ailleurs, sur le terrain chinois, crise oblige, force est de constater un recul de l’effort de protection de l’environnement. Durant le plenum du Parlement (ANP), Wu Bangguo son Président, a reconnu que les objectifs pour 2008, de baisse de pollution étaient manqués, et que 2009 ne vaudrait guère mieux, toute priorité allant désormais à l’emploi et au béton gâché. Pan Yue, le vice ministre de l’environnement enfonce le clou. Le projet de PIB vert a été enterré, version du PIB qui intégrait les pertes dues à la pollution : ses mauvais chiffres compromettaient l’avancement des caciques locaux. En 2006, sa seule année d’exercice, le PIB vert avait dévoilé 57MM² de pertes : 3% du PIB…
Tout cela est inquiétant, mais était prévisible, et ne devrait pas cacher la vraie toile de fond : concernant sa stratégie anti-réchauffement global et son arrimage à la machine mondiale, Pékin a fait son choix. Tactiquement, comme les autres, elle le cache encore, espérant extraire des autres des concessions. Mais le pouvoir (Wen Jiabao) sait que la thèse de Li Gao ne tiendra pas : les vieux clients de Kyoto-I, Japonais et Européens, pas plus que les jeunes (USA) ne signeront, si le 1er pollueur mondial -la Chine- s’ingénie à laisser l’effort reposer sur les autres. Ainsi, tous les grands acteurs se jouent cette comptine pour petits enfants, «je te tiens, tu me tiens, par la barbichette» … dont les scientifiques, à Copenhague, changent la musique, en avertissant que le réchauffement des océans atteint et même dépasse le pire scénario : le temps se rapproche vite où nul ne pourra plus tergiverser : pour que nos petits enfants vivent, il faut -maintenant- négocier !
Sommaire N° 9