Comme pour adoucir l’image dure d’un Parti communiste chinois qui vient de réaffirmer son fier rejet de la démocratie à l’Occidentale. Wen Jiabao , lors du face à la presse du 13/03, a cultivé l’image d’un homme modéré et courtois, semant les concessions à tous vents :
Wen fait les délices de la bourse en affirmant avoir assez de munitions pour compléter le plan de stimulus si nécessaire. Mais il se dit soucieux pour ses 681MM$ de devises en bon du Trésor. Suite à quoi de l’autre côté du Pacifique, Obama via son service de pres-se, accourut le rassurer: « les investissements aux USA sont les plus surs du monde» !
La surprise arrive à propos du Tibet. Après l’inévitable couplet sur les succès et la justesse de la politique chinoise au Toit du monde, Wen Jiabao change soudain de ton : «des rencontres entre émissaires du Dalai Lama et nous (comme les trois tenues l’an passé) peuvent encore avoir lieu… La clé, est que le Dalai démontre sa sincérité… afin que l’on aboutisse ». Le prélat lamaïste est encore taxé de mensonge, mais non plus de menées sécessionnistes, et la porte des négociations est rouverte au moment où l’on ne l’attendait plus.
Serait-ce pour résister à sa propre dynamique d’isolationnisme, à un moment où plus que jamais, elle a besoin d’aide? Ou parce que jusqu’à présent, le Tibet, subjugué, se tient calme ?
Dans la foulée, par rapport à la France avec qui la relation, depuis des mois, est au plus bas, le 1er ministre explique le mécontentement de son pays, non plus par la rencontre de décembre entre Sarkozy et le Dalai, mais seulement par le style « trop voyant » de celle ci. Wen Jiabao récapitule ces 30 ans de relation franco-chinoise, en les jugeant «positifs», et invite l’Hexagone à «éclaircir sa position», le plus vite sera le mieux, dans l’Intérêt «de la Chine et de la France, mais aussi de l’Europe»: exprimant le désir d’en finir. Selon une rumeur parisienne pourtant, la prochaine chance de retrouvaille Sarkozy – Hu Jintao, à Londres, ne sera pas saisie : Paris refusant de s’excuser, suivant l’attente pékinoise…
A propos de Taiwan, le 1er ministre a confirmé la préparation de différents accords, et s’est dit prêt à « négocier et coordonner » l’entrée de l’île dans diverses instances internationales. Et c’est là que Wen a placé son morceau de bravoure préparé à l’avance, que tout chef du gouvernement joue à la presse mondiale en cette occasion: « Je voudrais visiter Taiwan, notre terre sacrée… Mais j’ai 67 ans, et [si vous me faites trop attendre], je viendrai en rampant, faute de pouvoir marcher». La réponse du Président Ma Ying-jeou ne s’est pas faite attendre: «abrogez d’abord votre loi anti-sécession, qui autorise votre armée à nous envahir sous certaines conditions : La Chine ne peut gérer la relation sino-taiwanaise unilatéralement et par la force » !
Sommaire N° 8