Le 9/03, la confrontation entre l’aviso d’observation Impeccable et une flottille de 5 «chalutiers» de l’armée – APL, rappelle l’attaque en 2000 contre l’avion espion américain EP-3: en la même zone (à 120km de Hainan), et en des époques comparables (deux mois après l’intronisation d’un nouveau Président. La mission de l’Impeccable était -comme celle de l’EP-3- de routine : il faut voir dans l’incident un test de la réactivité du Président Obama, doublé d’un avertissement de ne plus considérer la zone économique exclusive chinoise comme terrain d’exercice. Après l’incident, les 2 pays se sont accusés d’illégalité. Ce qui est sûr, est que la Chine veut empêcher—chose compréhensible- les Etats-Unis de surveiller sa toute nouvelle base sous-marine de Hainan. Pour le reste, savoir lequel des deux bords avait le droit pour lui, hors des 12 milles marins de souveraineté chinoise, est affaire de juristes, sans grand intérêt, le seul « droit » primant en l’occurrence, étant la force.
Le 11/03 à Washington, tout sourires, Yang Jiechi le ministre des Affaires étrangères rencontra sa collègue Hillary Clinton, puis le Secrétaire au Trésor Tim Geithner, puis (12/03) Obama. Le 1er entretien permit d’aborder la question du Tibet -thème incontournable pour le Parti Démocrate. Les diplomates déroulèrent aussi le vaste agenda des coopérations à négocier, héritage des huit années de travail avec l’administration Bush. Puis avec Geithner, ce fut une autre affaire, avec une composante de concertation, et une de confrontation. Les deux hommes cherchèrent des actions communes contre la récession, mais le nouveau chef des finances américaines dut aussi évoquer l’offensive en préparation pour redémarrer ses exportations et «inciter» la Chine à réduire les siennes. Le Congrès prévoit dès 2009 une loi qui imposera au représentant au commerce Ron Kirk, d’identifier chaque année les barrières à l’export, et de présenter des contre-mesures.
Cependant Hu Jintao pour sa part, veut influencer la refonte de l’ordre financier mondial, à Londres au sommet du G20 (2/04). Quelques mois plus tôt, on voyait se profiler une alliance sino-européenne dans ce but. Mais les choses changent, sous la dégradation rapide des rapports, qui suit les progrès de la crise mondiale : pour prévenir les attaques de son opinion, le régime est obligé de distribuer les critiques à l’extérieur. Dès lors, c’est d’une action euro-américain qu’on entend parler, pour imposer à Pékin de réévaluer son ¥ de 30% ou de subir de lourdes taxes sur ses exports. Projet voeu pieux, sans doute, car Obama, pour financer son propre paquet de relance, devra vendre des bons du Trésor à la Chine, ce qui donne à cette dernière des moyens de pression.
Enfin, Chine et USA doivent s’accorder pour adhérer ensemble, en tant que membres à part entière, au plan de l’ONU contre le réchauffement global, dont le rendez vous est fixé à décembre 2009 à Copenhague. D’ici là, ils devront négocier ensemble les efforts de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, qu’ils sont prêts à consentir : leur meilleure chance, pour limiter les frais, est de parler alors d’une seule voix !
Sommaire N° 8